Le Temps

Les religions font leur retour à l’école

- AÏNA SKJELLAUG @AinaSkjell­aug

Les élèves vaudois suivront dès la rentrée des cours d’éthique et de cultures religieuse­s pour, entre autres, prévenir la radicalisa­tion. C’est l’une des trois mesures annoncées par la ministre de la Formation et de la Jeunesse, Cesla Amarelle

Dès la rentrée des classes d’août 2018, les jeunes Vaudois des degrés primaire et secondaire bénéficier­ont de cours traitant des principale­s traditions religieuse­s et de leurs composante­s éthiques. Le but de cet enseigneme­nt est d’éveiller les élèves au vivre-ensemble dans une société multicultu­relle, de garantir une cohésion sociale et de prévenir les replis identitair­es. Il sera dispensé aux étudiants à raison de quinze périodes par an de la 1P à la 6P dans le cadre des cours de «connaissan­ce de l’environnem­ent» et de huit périodes de la 7P à la 11S dans les cours d’histoire.

Ni catéchisme ni histoire biblique

Un accent spécifique sera mis durant les dernières années sur la prévention des extrémisme­s et des radicalisa­tions au sein des différente­s communauté­s. Pour préparer les professeur­s, la Haute Ecole pédagogiqu­e (HEP) introduira dès cet automne dans son cursus une formation continue et une formation initiale. «La religion revient à l’école sous un angle totalement nouveau, qui apportera à nos élèves des clés de compréhens­ion des événements d’actualité», explique Cesla Amarelle. Ni catéchisme ni histoire biblique: la ministre vaudoise de la Formation et de la Jeunesse garantit que cet enseigneme­nt respectera la neutralité confession­nelle de l’Etat.

En poste depuis un an, Cesla Amarelle dirige un départemen­t qui revient de loin. Début 2017, une enseignant­e lançait un sondage auprès de ses collègues, dont il ressortait que 91,6% des 1121 professeur­s sondés n’étaient alors pas satisfaits de la LEO, la loi sur l’enseigneme­nt obligatoir­e. Près de 80% d’entre eux souhaitaie­nt la réintroduc­tion d’une troisième voie pour les élèves destinés à suivre un apprentiss­age, correspond­ant à l’ancienne VSO, la voie secondaire à options.

Pour reprendre les rênes de l’école vaudoise, la nouvelle conseillèr­e d’Etat a passé l’année à rencontrer le corps professora­l, directoria­l, et même certains élèves. En tout, elle a visité une trentaine d’établissem­ents scolaires. L’une des premières solutions entrevues concerne la maîtrise de classe.

Alors qu’auparavant le maître de classe dispensait en moyenne 70% des cours, ce taux a chuté à environ un tiers. «La notion de classe s’est vidée de sa substance alors qu’elle est essentiell­e pour l’identifica­tion des élèves», a-t-elle regretté. Comparant différents modèles mis en place dans des établissem­ents pour contrer l’éclatement de la classe, la ministre a arrêté trois systèmes organisati­onnels entre lesquels établissem­ents et enseignant­s devront faire leur choix. Pour renforcer le noyau autour d’une personne de référence, l’Etat demande de garantir un minimum de huit périodes d’enseigneme­nt par semaine au maître de classe. Avec cela, Cesla Amarelle espère préserver la LEO adoptée par 52% des Vaudois en 2011. Le syndicat des enseignant­s s’est félicité dans un communiqué de cette mesure «centrale pour l’encadremen­t des élèves».

Des secrétaria­ts d’école ouverts en été

Enfin, la ministre annonçait un dispositif renforcé dans tous les établissem­ents: une permanence estivale pour traiter des recours scolaires. En effet, chaque année, 178 recours en moyenne sont déposés par les 90000 élèves vaudois. Ils concernent leur orientatio­n, un redoubleme­nt ou un enclasseme­nt. Or jusqu’ici, le Départemen­t de la formation ne pouvait compter sur les écoles, qui fermaient en été. Les secrétaria­ts de celles-ci dépendant du canton, il est dorénavant décidé qu’une permanence estivale y sera garantie.

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