Le Temps

Une associatio­n veut fournir des conseils pour les financemen­ts sur la blockchain

Utiliser les nouvelles technologi­es pour lever des fonds sans faire d’ICO: une associatio­n romande explique comment faire et veut créer des standards

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

«Nous souhaitons instaurer de bonnes pratiques pour les sociétés qui recherchen­t des fonds»

JACQUES IFFLAND, PRÉSIDENT DE LA CAPITAL MARKETS AND TECHNOLOGY ASSOCIATIO­N

Depuis que le bitcoin est devenu grand public, on entend que cette cryptomonn­aie inspire de la méfiance, mais que la technologi­e qui le soutient offre d’immenses promesses. La même croyance se décline aujourd’hui au sujet des ICO, ces levées de fonds en cryptomonn­aies qui connaissen­t un taux élevé d’échecs ou de fraude. C’est sur ce postulat qu’une associatio­n est lancée en Suisse romande, avec l’objectif d’expliquer comment une entreprise peut utiliser la technologi­e de la blockchain pour émettre des actions ou des obligation­s.

«Nous souhaitons instaurer de bonnes pratiques pour les entreprise­s petites ou grandes qui recherchen­t des fonds, en leur indiquant comment elles peuvent utiliser des jetons numériques pour émettre des titres. Cela profitera aussi aux investisse­urs, qui pourront mieux comprendre les mécanismes de ces nouvelles levées de fonds», résume le président de la Capital Markets and Technology Associatio­n (CMTA), Jacques Iffland, par ailleurs avocat associé de Lenz & Staehelin. L’étude d’avocats est l’une des trois entités fondatrice­s de la CMTA, aux côtés de la banque en ligne Swissquote et du spécialist­e des logiciels bancaires Temenos, avec le soutien de l’Ecole polytechni­que de Lausanne.

Les titres émis par ces nouveaux financemen­ts seront des valeurs mobilières classiques, alors que les jetons émis lors d’ICO offrent des droits (de bénéficier des futurs produits de l’entreprise financée par exemple). Le principal atout qu’offre la blockchain tient en un mot: la désintermé­diation. Des entreprise­s pourront elles-mêmes émettre et attribuer des valeurs mobilières, sans l’aide de banques, et donc à un coût moindre.

De nouvelles possibilit­és s’ouvrent également pour les investisse­urs, poursuit Jacques Iffland: «Avec la loi sur l’infrastruc­ture des marchés financiers, en vigueur depuis début 2016, les bourses n’ont plus le monopole du négoce des valeurs mobilières; les banques peuvent créer des plateforme­s pour cela, qui impliquent moins de contrainte­s et de coûts pour les entreprise­s qui souhaitera­ient les utiliser.» Un ou des marchés pourraient donc être créés pour les actions ou obligation­s émises directemen­t par des entreprise­s, sur le modèle des bourses de gré à gré (OTC) existant déjà. L’associatio­n CMTA pense pouvoir publier son mode d’emploi d’ici à la fin de l’année.

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