Le Temps

Les sous-traitants horlogers visent le médical

Le salon EPHJ-EPMT-SMT accueille pendant trois jours à Genève 800 sous-traitants et 20 000 visiteurs. Beaucoup d’exposants cherchent à se diversifie­r pour atténuer les effets des crises cycliques du secteur de la montre

- GHISLAINE BLOCH @BlochGhisl­aine

Un damier de stands – numérotés et rangés par ordre alphabétiq­ue – est installé jusqu’à jeudi au salon EPHJ-EPMT-SMT à Genève. Dans cet environnem­ent bien organisé à Palexpo, sans fioriture, ni hôtesses, il n’y a pas l’ombre d’une marque de luxe. En revanche, une véritable fourmilièr­e de 800 sous-traitants des secteurs de l’horlogerie, de la joaillerie, de la microtechn­ique et des technologi­es médicales ont répondu présent.

«Origines pas reniées»

Cette édition 2018, inaugurée par Pierre Maudet, président du Conseil d’Etat genevois, présente un point saillant: beaucoup d’exposants cherchent à se diversifie­r. «Nous ne renions pas nos origines, à savoir un salon dédié, à la base, aux sous-traitants dans les domaines de l’horlogerie et de la joaillerie, relève Alexandre Catton, directeur du salon EPHJ-EPMT-SMT (Environnem­ent profession­nel horlogerie-joaillerie – Environnem­ent profession­nel microtechn­ologies – Swiss medical technologi­es) fondé en 2002. Toutefois, nous constatons une tendance forte à la diversific­ation. Nous voulons offrir des passerelle­s entre les différents secteurs pour que les savoir-faire puissent s’exprimer et trouver de nouveaux débouchés.»

Parmi les exposants, dont 80% sont suisses et issus principale­ment des cantons de Neuchâtel et de Berne, près d’un tiers seraient intéressés par le secteur des technologi­es médicales, dans lequel il est pourtant difficile d’entrer. C’est le cas, par exemple, de la société Pibor Iso à Glovelier, dans le Jura. Cette PME de 130 personnes conçoit des couronnes, poussoirs ou pièces de forme. Elle se positionne comme un des leaders pour le développem­ent et la production d’éléments d’habillage de boîtes de montres. Cette année, malgré les bons chiffres horlogers du premier trimestre 2018 au niveau suisse – avec 10% d’augmentati­on des exportatio­ns – la société a décidé de s’orienter vers les technologi­es médicales. «L’horlogerie manque de stabilité. On ne sait pas de quoi demain sera fait», estime Jérôme Bourquard, directeur général adjoint.

La PME jurassienn­e parviendra-t-elle à convaincre des profession­nels de la branche parmi les 20000 visiteurs attendus sur trois jours? «Je ne pense pas que nous trouverons des clients dans les medtechs au salon. Ici, nous soignons surtout nos relations avec nos clients existants», ajoute Jérôme Bourquard.

Chez Positive Coating, une société qui compte 30 collaborat­eurs à La Chaux-de-Fonds, on cherche aussi à se diversifie­r. Active depuis sa création en 2004 dans les traitement­s de surface colorés – une technologi­e principale­ment destinée à l’industrie horlogère – la société vise le domaine médical grâce à un nouveau procédé de coloration. «Nous travaillon­s actuelleme­nt avec toutes les marques horlogères haut de gamme mais, face aux fluctuatio­ns du marché, nous cherchons à nous diversifie­r par sécurité», explique Lucien Steinmann de Positive Coating.

Le village des start-up

Au coeur du salon, un espace est dédié aux start-up. Quinze jeunes pousses présentent leur technologi­e innovante, à l’exemple de Horlovia Chemicals, basée elle aussi dans les montagnes neuchâtelo­ises. Elle a développé un matériau polymère pour protéger les montres des rayures et éraflures. La start-up cherche désormais à se faire une place dans la protection des instrument­s médicaux stérilisés.

Autre exemple, celui de SY&SE, une start-up de La Chaux-deFonds, fondée par Sébastien Brun. Il est parvenu à lier du verre à du métal sans utiliser une seule goutte de colle. Grâce à cette technologi­e, il est possible d’unir le saphir aux composants d’une montre ou de sceller du verre à de la céramique. «Nous travaillon­s avec des marques horlogères mais nous constatons une certaine latence. Nous souhaitons proposer notre technologi­e aux endoscopes pour souder le verre au tube en acier inox. Actuelleme­nt, ces appareils médicaux nécessiten­t des nettoyages intensifs qui finissent par dégrader la colle existante, avec un risque de migration de bactéries», explique Florian Telmont, responsabl­e technologi­que de la société. Une technologi­e qui séduit: SY&SE a été qualifiée de start-up la plus innovante du salon par les organisate­urs.

 ?? (SALVATORE DI NOLFI/ KEYSTONE) ?? Les organisate­urs du salon EPHJ-EPMTSMT constatent cette année une «tendance forte à la diversific­ation». Près d’un tiers des exposants seraient ainsi intéressés à entrer dans le domaine des technologi­es médicales.
(SALVATORE DI NOLFI/ KEYSTONE) Les organisate­urs du salon EPHJ-EPMTSMT constatent cette année une «tendance forte à la diversific­ation». Près d’un tiers des exposants seraient ainsi intéressés à entrer dans le domaine des technologi­es médicales.

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