Pour l’équipe de Suisse, Togliatti la tranquille s’anime
La foule s’est pressée mardi au Torpedo Stadium pour le premier entraînement de la Nati en Russie. Aucun autre ne sera ouvert au public: les hommes de Vladimir Petkovic entendent profiter du calme pour affûter leur stratégie
Au sud de Togliatti, la Volga semble large de plusieurs centaines de mètres. «C’est presque une mer», valide une dame qui se promène. A une belle plage de sable où bronzent les locaux succède une étendue de galets où un père apprend à son fils à faire des ricochets. Quelques restaurants installés sur des pontons servent le poisson pêché dans le coin. Des vieux stands de tirs à la carabine et de chamboule-tout donnent à l’endroit des airs de station balnéaire douce et désuète.
C’est là, le long de la rive, que l’équipe de Suisse a emménagé pour les trois semaines, et plus si affinités, qu’elle passera en Russie.
Le contraste est saisissant avec Togliatti l’industrielle, l’automobile, l’austère, qui aligne ses grands immeubles et ses centres commerciaux le long d’immenses artères. Le Torpedo Stadium, antre du FC Lada Togliatti et coeur d’un grand complexe sportif, se situe rue de la Révolution, à dix minutes à pied de la Volga mais dans une atmosphère qui évoque beaucoup moins les vacances.
C’est là, au coeur de la ville, que la Nati travaillera ses gammes pendant toute la Coupe du monde.
Le luxe de la proximité
Pourquoi Togliatti? «La FIFA avait prévu quelque nonante paquets – comprenant hôtel, terrain d’entraînement et aéroport – pour les équipes qualifiées, répond le secrétaire général de l’Association suisse de football Alex Miescher dans la patinoire attenante au stade, transformée en centre de presse géant. Nous avons ici trouvé un bon compromis, parmi la demi-douzaine d’options que nous avons étudiées.»
Au Lada Resort, la tranquillité nécessaire. Au Torpedo Stadium, une pelouse magnifique, «importée» de Volgograd (l’ancienne Stalingrad) spécialement pour la Nati. Entre les deux, six kilomètres, soit huit minutes de bus. Il faut en compter quarante-cinq pour rejoindre l’aéroport de Samara. Le combo permet aux hommes de Vladimir Petkovic de ne perdre que très peu de temps dans les transports. Vu l’immensité du pays, même considéré selon sa seule portion occidentale, c’est un luxe.
Arrivés en Russie lundi soir, Vladimir Petkovic et ses hommes ont directement pris la route de leur hôtel, où une fête était organisée pour leur souhaiter la bienvenue. Danses traditionnelles devant des joueurs amusés. Chacun a ensuite découvert sa chambre, simple mais spacieuse et claire, et la photo de lui tirée en grand, encadrée et affichée au mur à proximité de sa porte d’entrée. Ce n’est que le lendemain, les deux heures de décalage horaire digérées, qu’ils ont pris le chemin du stade pour un premier entraînement qui était ouvert au public, à 18h (16h en Suisse).
La sécurité prise au sérieux
Fête de la souveraineté de la Fédération de Russie oblige, les habitants de Togliatti avaient congé et la présence d’une équipe nationale de football chez eux semble les interpeller. Dans un café, Nikita nous a demandé davantage de renseignements, même s’il préfère personnellement le hockey sur glace, afin de pourvoir rameuter au stade ses amis fans de foot. Sur place, à une demi-heure du début de la séance, la foule fait déjà la queue pour entrer. A l’entrée des joueurs sur le terrain, les tribunes sont presque pleines. En plus des enfants, certains sont venus en couple et endimanchés, au bord de la pelouse comme au théâtre.
La différence tient au type de spectacle proposé mais aussi au dispositif sécuritaire. Muni du billet gratuit mais nécessaire pour entrer, les spectateurs doivent passer au détecteur de métaux comme à l’aéroport ou à la basilique Saint-Pierre. «Il y en a même pour accéder à l’hôtel», nous glisse un membre
A l’entrée des joueurs sur le terrain, les tribunes sont presque pleines. En plus des enfants, certains sont venus en couple et endimanchés
du staff de la Nati. Autour du terrain, on compte 25 stadiers pour un petit millier de personnes tranquilles. Même les bénévoles, sympas, contrôlent à chaque passage que chacun est là où il a le droit d’être.
Le premier entraînement de la Nati en Russie est le seul ouvert au public. «C’était super de profiter de l’euphorie des gens, commentera le gardien titulaire Yann Sommer un peu plus tard. Mais maintenant, nous devons préparer certaines choses dans le secret et le calme.»
Mardi, Vladimir Petkovic n’a pas révélé grand-chose de son plan pour défier la Seleção de Neymar, dimanche à Rostov-sur-le-Don. La séance a compilé étirements, courses et jeux avant un petit match final duquel les habitués n’auront pas manqué de retirer quelques indications quant à la composition de l’équipe. Mais pour les journalistes brésiliens qui ont prévu de passer la semaine à Togliatti pour scruter la Nati, ce n’était pas suffisant. «Comment comptez-vous vous y prendre pour gagner?», a demandé l’un d’entre eux à Yann Sommer. «Vous pensez bien que je ne vais pas vous le dire…»
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