Le Temps

Un logisticie­n de la police soupconné de trafic d’armes

- CÉLINE ZÜND, ZURICH @celinezund

Le Ministère public de la Confédérat­ion enquête sur les liens d’un Suisse avec un trafic d’armes illégal sur internet

Une affaire peu commune fait couler beaucoup d’encre depuis jeudi en Suisse alémanique. Un collaborat­eur de la police cantonale schwytzois­e serait impliqué dans un trafic d’armes et de munitions illégal sur internet, révèle le Tages-Anzeiger. L’homme est visé par une procédure pénale du Ministère public de la Confédérat­ion pour violations de la loi sur le matériel de guerre et de la loi sur les armes, entrave à l’action pénale et violation du secret de fonction.

Le logisticie­n de la police, licencié depuis, a été arrêté le 22 février 2018. Chez lui, à Einsiedeln, la police judiciaire fédérale trouve tellement d’armes qu’elle se voit forcée de revenir avec une voiture plus grande, raconte le Tages-Anzeiger. En parallèle, la police cantonale ouvre une enquête interne. En tant que responsabl­e de la logistique, il occupait depuis seize ans une fonction sensible: il était chargé notamment de l’achat de matériel, y compris armes et munitions. Aucune arme de fonction n’a disparu, assurent les autorités cantonales. En revanche, des commandes de munitions d’une valeur de plusieurs dizaines de milliers de francs se sont volatilisé­es. Entre-temps, l’homme a été relâché, tout risque de collusion ou de fuite ayant été écarté.

Enquête allemande

Un passionné d’armes de 25 ans a mis les autorités allemandes sur la piste du Suisse. Le jeune homme allait régulièrem­ent tirer, la nuit, dans une forêt près de Constance. En 2014, il est arrêté après avoir tué trois vaches. Ses armes proviendra­ient de la collection de l’ex-logisticie­n de la police cantonale schwytzois­e. Les policiers allemands sont convaincus que les deux hommes agissaient en duo dans un trafic d’armes sur le darknet, partie cryptée d’internet, derrière le profil de «Clultimate».

«Clultimate» bénéfice d’une bonne réputation parmi les amateurs d’armes pour son large choix, précise le journal zurichois: pistolets en tout genre, semi-automatiqu­es, fusils d’assaut, de chasse, carabines à lunette. «Clultimate» a aussi laissé des traces sur le forum «Deutschlan­d im Deep Web», actif dans un commerce d’armes illégal depuis 2013. L’homme qui avait tué neuf personnes dans un attentat dans un centre commercial de Munich, le 22 juillet 2016, s’était procuré son arme sur ce réseau.

Lenteur suisse

L’enquête a mis du temps à démarrer du côté suisse, explique le Tages-Anzeiger. Alerté en août 2017 par les autorités allemandes, le Ministère public de Schwytz ne fera remonter l’affaire à l’Office fédéral de la justice que trois mois plus tard, après avoir reçu une demande d’entraide judiciaire en mains propres, de la part des Allemands. Il faudra attendre trois mois supplément­aires pour qu’aient lieu les premières perquisiti­ons du Ministère public chez l’ancien collaborat­eur de la police cantonale.

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