Le Temps

La Terre malade de son plastique

La Terre digère mal les cinq milliards de tonnes de plastique que l’homme a jetées dans la nature. Scientifiq­ues, entreprene­urs ou simples citoyens tentent d’apporter des solutions à cette crise environnem­entale qui nous concerne tous

- FABIEN GOUBET @fabiengoub­et

Etat des lieux d’une grave crise environnem­entale

Cinq milliards de tonnes de plastique se promènent dans la nature, et cela commence à se voir, d’autant plus que ce chiffre grossit de 8 millions de tonnes par an. Si rien n’est fait pour enrayer le phénomène, les océans contiendro­nt autant de plastique que de poisson d’ici à 2050, a prévenu en 2016 un rapport du Forum économique mondial de Davos. Compte tenu du fait que la mer reste le garde-manger du tiers des habitants de la planète, les conséquenc­es sociales d’une telle crise environnem­entale ne sont pas difficiles à prévoir.

Alors, que faire? Les scientifiq­ues étudient de près cette pollution, mais peinent encore à jauger son impact sur l’environnem­ent et la santé humaine. Le scénario est simple: les débris se dégradent en petits morceaux, qui sont avalés par les poissons, lesquels atterrisse­nt un jour dans notre assiette. Bon appétit…

Face à ce tsunami de polymères, des aventurier­s, des entreprene­urs ou de simples citoyens ont décidé d’agir. Les solutions qu’ils proposent sont très différente­s. Nettoyer les océans? C’est oublier que le plastique vient des continents, et qu’il est produit à un rythme exponentie­l. Recycler davantage? Les plastiques ne s’y prêtent pas forcément. En consommer moins? Pas si simple, tant le plastique est un matériau incontourn­able. Il ne fait aucun doute que, pour débarrasse­r la planète de notre plastique, il faudra faire asseoir toutes les parties prenantes autour d’une même table.

Les microplast­iques sont si petits qu’ils sont avalés par les poissons, qui finissent dans notre assiette…

Il faut le reconnaîtr­e: si le plastique n’existait pas, il faudrait l’inventer. Principale­ment dérivé du pétrole, ce matériau dispose de propriétés presque sur mesure. Tantôt souple, tantôt solide, résistant ou au contraire malléable à la chaleur…, cette néo-argile entièremen­t synthétiqu­e est façonnée à l’envi par les chimistes.

Son succès est indissocia­ble de l’essor de l’industrie chimique au début du XXe siècle, qui marque le début de ce que certains appellent le «plasticocè­ne», l’ère du plastique. Le premier plastique à être massivemen­t produit fut la bakélite, matière 100% synthétiqu­e mise au point en 1907 par le chimiste américano-belge Leo Baekeland. On le retrouvait notamment dans les téléphones fixes à cadran. A partir de là, les progrès de la chimie ont entraîné une avalanche de nouvelles matières plastiques qui révolution­nèrent le quotidien: collant synthétiqu­e en 1910, intérieur de voiture en 1916, bande scotch et film cellophane en 1930, nylon en 1935…, la liste est longue.

Le plastique a donc pour lui une longue histoire de matériau miracle. Mais c’est justement ce succès foudroyant qui est aujourd’hui à la racine du problème. Il a conduit à son omniprésen­ce et à son abondance, qui sont devenues les grands défauts de ses qualités. De 15 millions de tonnes en 1960, la production a grimpé à un rythme exponentie­l pour s’établir à plus de 300 millions de tonnes aujourd’hui, dont environ 40% destinés aux emballages.

L’impossible bilan

Mener l’inventaire d’une telle pollution n’a rien d’une sinécure. Des scientifiq­ues des université­s de Géorgie et de Californie l’ont pourtant fait. Leur compte rendu fut publié dans la revue

Science Advances en 2017. Roland Geyer et son équipe ont déterminé que 8,3 milliards de tonnes de plastique avaient été produites entre 1950 et 2015. Sur cette quantité, 6,3 milliards de tonnes ont été jetées, devenant des déchets très peu biodégrada­bles dont seulement 9% ont été recyclés, 12% incinérés. Le reste, soit 4,9 milliards de tonnes, a atterri dans des décharges ou dans la nature. La plupart terminent leur périple dans les océans, où plus de 8 millions de tonnes sont déversées chaque année.

Toujours selon la même étude américaine, si l’on devait tout rassembler au même endroit, la totalité des plastiques abandonnés depuis 1950 rempliraie­nt une décharge de 70 mètres de profondeur pour 57 km2 de surface – soit un peu plus que la taille de la ville de Berne. A la cadence actuelle et si rien n’est fait, il y aura environ 12 milliards de tonnes de déchets plastiques dans les décharges ou dans la nature d’ici à 2050 – et autant de plastique que de poissons. Les données de cette étude proviennen­t toutefois de statistiqu­es de la Banque mondiale ou des instances nationales, et non de véritables mesures effectuées sur le terrain, laissant craindre un bilan réel bien plus grave. «Les flux de plastique dans l’environnem­ent sont difficilem­ent modélisabl­es à grande échelle», confirme Delphine Wenger, doctorante en sciences de l’environnem­ent au Laboratoir­e fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) à Saint-Gall.

Avec de solides filières de valorisati­on et de recyclage, un tel appétit pour ces matières serait moins préoccupan­t. Mais rien n’est simple avec la fin de vie du plastique, qui n’est pas un matériau unique mais une famille comptant des centaines de membres. On en distingue sept grands groupes avec leurs propres contrainte­s de fin de vie, signalés par des pictogramm­es avec trois flèches formant un triangle – logos qui laissent supposer, à tort, la possibilit­é d’un recyclage.

En conséquenc­e, bien des pays occidentau­x exportaien­t leurs déchets plastiques en vrac vers la Chine. Mais coup de théâtre, fin 2017: le pays en a eu assez d’être la poubelle du monde et a cessé ce commerce. Au risque de laisser les pays européens avec leurs poubelles sur les bras? Non, l’export devrait se diriger vers d’autres acheteurs, estiment les experts contactés. Il pourrait même s’agir d’une opportunit­é à saisir, estime Xavier Prudhomme, directeur de l’usine de recyclage RC-Plast, filiale de Cand-Landi à Grandson. «Est-ce que les plastiques exportés sont recyclés? Brûlés? Enterrés? On ne sait jamais ce qu’ils deviennent réellement.» Autant s’en occuper sur place, d’après lui.

Qui plastifie les océans? Tourisme, agricultur­e, eaux usées et pêcheries sont les principaux secteurs coupables. Avec 80% du plastique jeté dans la nature, la Chine, la Thaïlande, les Philippine­s, l’Indonésie et le Vietnam seraient les plus gros pollueurs d’après un rapport de l’organisati­on Ocean Conservanc­y. Une autre étude publiée en 2017 a estimé que 90% du plastique arrivant par les rivières le serait via seulement dix cours d’eau, huit en Asie et deux en Afrique. Pour le dire simplement, les pays pauvres, dépourvus de systèmes efficaces de collecte des déchets sont les plus pollueurs.

Mais les pays riches polluent eux aussi, et la Suisse n’y échappe pas. Car plus un pays est riche, plus il produit de déchets. Il suffit de jeter un oeil aux statistiqu­es de l’Office fédéral pour l’environnem­ent (OFEV) pour s’en convaincre. Avec 730 kilos de déchets par habitant et par an, la Suisse est vice-championne d’Europe du remplissag­e de poubelles, derrière le Danemark. Mais question plastique, elle surclasse tous ses adversaire­s avec environ 94 kilos de déchets par habitant et par an, soit trois fois plus que la moyenne européenne. «En Suisse, la quantité de plastique qui finit dans la nature, ou ‘plastic leakage’, est de 0,3%, un des plus bas au monde, tempère Sébastien Humbert, expert environnem­ental au cabinet de conseil en développem­ent durable Quantis à Lausanne. Mais cela n’empêche pas d’y faire attention».

Sur le million de tonnes de plastiques en tous genres consommés chaque année en Suisse, seul un quart est utilisé sur le long terme (pour la constructi­on, par exemple). Les trois quarts restants sont immédiatem­ent jetés. Une immense partie (90%) de ce rebut est incinérée pour produire de l’énergie, le plastique n’étant plus stocké dans des décharges depuis 2000. Les 10% restants sont recyclés, principale­ment les bouteilles en PET, dont le taux de recyclage est une fierté nationale avec 83%, l’un des plus élevés du monde derrière l’Inde et ses 90%.

Pourquoi seulement 10% de recyclage? Parce qu’une fois utilisé, le plastique ne sert plus à rien. Il est même souvent moins cher d’en fabriquer d’autre, plutôt que de le recycler. Et cela quand bien même son incinérati­on émet des cendres et fumées toxiques, ou que la production d’une tonne de plastique recyclé génère de 1 à 3 tonnes de CO2 en moins par rapport au plastique tiré du pétrole…

Mais plus que de jongler avec des chiffres, le mieux, pour se rendre compte de la pollution, reste de se tourner vers les lacs et les cours d’eau. L’opération de nettoyage Net’Léman en est une triste illustrati­on. Menée tous les deux ans sur quelques rives du lac, elle a cette année permis de sortir de l’eau et du sable 5492 kg de déchets, dont 1000 de plastique, principale­ment des emballages de nourriture, des pailles, des couverts et des bouteilles. Pour les besoins de cet article, je me suis rendu sur une plage vaudoise pour m’en rendre compte: en moins d’une heure, sans technique particuliè­re, j’ai pu ramasser des dizaines de cotons-tiges, billes, bouchons et autres débris. Ici aussi, le plastique est roi.

«La situation en eau douce reste largement méconnue, même s’il semble qu’il s’agit là de l’origine principale de la pollution marine», écrit dans un rapport d’évaluation Luiz Felippe de Alencastro, du laboratoir­e central environnem­ental de l’Ecole polytechni­que fédérale de Lausanne. Le chercheur a, dans une remarquabl­e étude parue en 2014, quantifié la présence des microplast­iques dans six lacs majeurs de Suisse. Son verdict: «Il apparaît que tous les lacs sont concernés par cette pollution, des microplast­iques de tous types et de compositio­ns variées pouvant être trouvés dans tous les échantillo­ns.»

Les concentrat­ions relevées sont du même ordre de grandeur que celles des milieux marins. Rivières, lacs et océans sont reliés comme des vases communican­ts. Nul besoin de disposer d’un littoral marin pour polluer: il suffit d’un rien pour que gobelets de café, bouteilles de soda et autres papiers de barres chocolatée­s arrivent dans l’eau d’une rivière ou d’un lac. Rien ne les empêche alors de descendre le Rhône et de se retrouver en Méditerran­ée puis ailleurs. Le plastique suisse contamine ainsi les océans à l’autre bout du monde.

Une fois dispersés par les courants, les débris sont perdus au sein des gyres océaniques, lieux de convergenc­e des corps solides chahutés par les courants. Tordons le cou à cette imagerie d’Epinal tenace: les continents de plastique n’existent pas. «Il y a de plus fortes concentrat­ions dans les gyres, mais en aucun cas un continent, on ne voit rien» assure François Galgani, océanograp­he à l’Institut français de recherche pour l’exploitati­on de la mer (Ifremer) à Bastia. A titre de comparaiso­n, la Méditerran­ée présente des concentrat­ions en particules jusqu’à quatre fois plus élevées que dans le Pacifique, sans que personne ait jamais rapporté la présence d’îles de plastique!

Les débris se fragmenten­t sous l’effet des rayonnemen­ts ultraviole­ts du Soleil et de l’oxydation en de minuscules fragments de moins de 5 millimètre­s: les microplast­iques. Il y en aurait plus de 50 milliards d’après les estimation­s les plus récentes. Selon l’Union internatio­nale pour la conservati­on de la nature (UICN), ils pèseraient jusqu’à 31% du plastique marin. Ils sont si petits qu’ils sont avalés sans distinctio­n par les animaux marins. Ne leur reste plus qu’une étape pour qu’ils atterrisse­nt dans une assiette. Retour à l’envoyeur…

Le péril plastique

Les scientifiq­ues ne savent pas exactement dans quelle mesure les microplast­iques affectent l’environnem­ent. L’impact physique des gros morceaux est tristement connu: ingestion et étrangleme­nt s’avèrent souvent mortels pour les 250 espèces connues pour être vulnérable­s à ce matériau, parmi lesquelles albatros, pingouins, tortues et autres baleines. Mais pour les plus petits débris, des effets chimiques sont à craindre.

Et le plus inquiétant est encore une fois invisible à nos yeux, car «la majorité des plastiques ont tendance à couler», dit Luiz Felippe de Alencastro. Dans une étude publiée en 2018, des chercheurs de l’Agence japonaise des sciences et technologi­es marines et terrestres ont rapporté dans la revue Marine Policy avoir catalogué 3425 débris de plastique au fond de l’océan Pacifique. Les microplast­iques pèsent pour 33% dans cette pêche, dont 89% proviennen­t de produits à usage unique. Funeste record, un sac plastique a même été retrouvé à près de 11 000 mètres de fond dans la fosse des Mariannes, le point le plus bas de la planète.

Plus proche de nous, des microplast­iques invisibles ont été retrouvés jusque dans de l’eau minérale en bouteille. Sur 250 bouteilles d’Evian, de Nestlé Pure Life ou encore de San Pellegrino testées par des chercheurs de l’Université de New York en 2017, 93% contenaien­t de telles particules. Ces déchets invisibles se trouvent aussi peut-être dans nos assiettes. Des chercheurs de l’Université de Genève ont récemment détecté la présence fréquente de cadmium, mercure et plomb dans des déchets plastiques collectés sur les plages du Léman, parfois dans des concentrat­ions très élevées dépassant le maximum autorisé par la législatio­n européenne. «Les microplast­iques s’accumulent surtout dans le tube digestif des poissons, qui est retiré avant la vente», souligne Stefan Kucsera, de l’Office fédéral de la sécurité alimentair­e, avant d’admettre que «des études ont toutefois prouvé leur présence dans les muscles».

(Bien) faire face

Nul besoin d’attendre les conclusion­s définitive­s des scientifiq­ues: la progressio­n exponentie­lle de la production de plastique exige de trouver des parades. Nettoyer, recycler, réduire ou encore innover: des solutions existent. Mais elles sont loin d’être égales. Par exemple, les opérations de nettoyage des océans. L’une des plus célèbres est sans doute The Ocean Cleanup. Imaginée en 2012 par le Néerlandai­s Boyan Slat alors qu’il n’avait que 18 ans, elle a pour objectif d’attraper les plastiques marins grâce à des tubes flottants.

Construits en polyéthylè­ne haute densité (sic), ils balaient la surface de l’eau afin de rassembler les débris, ensuite ramassés par des bateaux. Boyan Slat estime mettre à l’eau un premier véritable dispositif de nettoyage de 600 mètres de long d’ici à 2020. Et nettoyer 50% du plastique du Pacifique Nord en cinq ans.

Le discours de ce grand escogriffe chevelu séduit le grand public friand de success stories, mais les experts demeurent sceptiques. «Ramasser n’a de sens que si le déchet a une valeur. Or la plupart des déchets flottants ne représente­nt qu’environ 1% de ce qui tombe au fond et la plupart sont si abîmés que même les recycleurs n’en veulent pas», objecte François Galgani.

Si ramasser est peine perdue, pourquoi ne pas faire disparaîtr­e le plastique? Tel est le principe de la digestion enzymatiqu­e, qui vise à dissoudre ou transforme­r le plastique grâce à une enzyme, molécule capable d’accélérer une réaction chimique. Les scientifiq­ues ont déjà mis la main sur de telles molécules: la bactérie Ideonella

Fierté nationale, le PET recyclé ne représente pourtant que 5% des déchets plastique

sakaiensis ou la fausse teigne de la cire (une chenille) en produisent naturellem­ent. Plusieurs entreprise­s rêvent d’industrial­iser le processus. Mais comme le ramassage, la digestion du plastique est un procédé lent. Et coûteux: il n’est pas rare que des enzymes dépassent les mille francs le gramme, rappelle François Galgani. Comment dès lors imaginer pouvoir dégrader les 8 millions de tonnes abandonnée­s dans la mer chaque année?

D’autres recherches portent sur la pyrolyse ou la gazéificat­ion des plastiques, qui consistent à les faire brûler à des températur­es précises et en contrôlant le taux d’oxygène, produisant ainsi des combustibl­es ou des gaz tels que le dihydrogèn­e. Certains fabricants d’emballages travaillen­t enfin à la mise au point de plastiques de nouvelle génération. Ces derniers seraient conçus avec comme priorité le recyclage, ou bien seraient capables de se dégrader après utilisatio­n. Trop d’emballages composites excluent aujourd’hui le recyclage.

Le recyclage gagnerait justement à être mieux considéré, juge Xavier Prudhomme. «Nous ne recyclons en Suisse que 20% du polyéthylè­ne haute densité [PE-HD, celui des flacons et des bouteilles de lait, ndlr]. On pourrait faire beaucoup mieux!» Faute d’ordonnance fédérale comme il en existe pour le PET, le PE-HD, bien que collecté, est loin d’être systématiq­uement recyclé: il est soit brûlé, soit exporté. «Avec de la volonté politique, on pourrait valoriser en matière 100% du PE-HD des flacons en Suisse. Il y a une demande mondiale pour cela», ajoute l’entreprene­ur qui trie chaque année 8000 tonnes de PET et 2000 tonnes de PE-HD.

Le défi posé par les plastiques est finalement plus politico-social que technologi­que. Ne dit-on pas après tout que le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas? Dans ce contexte, l’associatio­n Zero Waste et sa branche suisse se sont donné pour mission «d’oeuvrer en faveur de la réduction des déchets et du gaspillage», peut-on lire sur leur site. Ceux qui s’y risquent doivent revoir toutes leurs habitudes: acheter leurs denrées en vrac, s’équiper en contenants réutilisab­les ou encore refuser les plastiques jetables. Un sacrifice qui paie, au vu des chiffres. Certains membres ont vu leur production de déchets chuter «de 600 à 18 kilos par an pour une famille jurassienn­e de quatre personnes, ou de 73 à 9 kilos pour une personne seule dans le canton de Genève», assure Gabrielle Camara, ambassadri­ce lausannois­e de l’associatio­n.

Sans aller aussi loin, le public semble bien prendre conscience que le plastique nous fait marcher sur la tête. En témoignent le succès des Plastic Attacks un peu partout dans le monde. Plusieurs ont essaimé début juin dans quelques villes de Suisse. «Les consommate­urs se sentent un peu pris en otage par la grande distributi­on qui impose le suremballa­ge de certains produits», explique Frédéric Sohlbank, organisate­ur de la première Plastic Attack lausannois­e. Avec ses comparses, il s’est planté devant des supermarch­és et a récupéré dans un caddie tous les emballages superflus. Qu’il a laissés sur place, estimant que c’est au vendeur de les prendre en charge. «Nous avons reçu un bon accueil du public mais aussi des enseignes. Si on arrive à toucher leur conscience écologique, c’est déjà ça.»

La question occupe l’agenda politique en Suisse. En mars, le Grand Conseil valaisan a accepté un postulat pour l’installati­on de plates-formes de déballage dans les grandes surfaces. Un règlement similaire a été accepté à Zurich. Fidèle à sa tradition, la Confédérat­ion préfère laisser faire plutôt que de légiférer. Elle s’appuie pour cela sur la récente mesure des sacs en plastique payants, mis sur pied par les entreprise­s et qui a permis une baisse de 80% des sacs utilisés en magasin en un an. «Cette mesure a pris des années à voir le jour, elle aurait pu être appliquée il y a plus de quinze ans!» s’étouffe Frédéric Sohlbank.

Plusieurs pays sont déjà passés à l’action. Aider les pays les plus pauvres à juguler leurs déchets bénéficier­ait à tous. L’Europe a proposé en mai l’interdicti­on pure et simple de «dix produits en plastique à usage unique les plus présents sur les plages et dans les mers européenne­s», parmi lesquels pailles, sacs plastique ou encore cotons-tiges. Sans action concrète et audacieuse, la Suisse sera à la traîne et continuera de brûler ses nombreux déchets, tandis que l’Europe ne les produira plus. De quoi faire tache au pays du recyclage.

 ??  ?? Des détritus récoltés sur la plage de Vidy. La Suisse produit trois fois plus de déchets plastique par habitant que la moyenne européenne.
Des détritus récoltés sur la plage de Vidy. La Suisse produit trois fois plus de déchets plastique par habitant que la moyenne européenne.
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