Avec l’Italie, l’obligation de compromis
Le réalisme est une condition sine qua non de l’exercice du pouvoir. Le fait qu’Emmanuel Macron et Giuseppe Conte se soient présentés vendredi tout sourire devant les journalistes, à l’issue de leur première rencontre à l’Elysée, n’est donc pas seulement une affaire d’apparence. Entre Paris et Rome, l’idée d’un désaccord durable, en pleine crise de l’Union européenne sur la question explosive des migrants, n’est pas tenable. Il faut, d’ici au prochain sommet de l’UE à Bruxelles, les 28 et 29 juin, qu’un compromis soit trouvé entre les deux pays, en y associant évidemment l’Allemagne.
Pour le président français, cette obligation est compliquée à accepter. Emmanuel Macron n’a jamais fait mystère de sa proximité avec le grand perdant des dernières élections législatives italiennes, Matteo Renzi. L’Elysée, en pleine discussion avec Berlin sur la réforme de la gouvernance de la zone euro, croyait sans doute aussi pouvoir imposer ses vues à son partenaire transalpin, dont les banques plombées par les mauvaises créances ont cruellement besoin d’un soutien communautaire si les taux d’intérêt devaient repartir à la hausse. Mais la victoire des formations populistes italiennes est passée par là. D’où la nécessité de désamorcer la crise engendrée par les premières remarques présidentielles sur l’«irresponsabilité» et le «cynisme» du refus opposé au débarquement de l’Aquarius par le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini…
Cette étape maintenant franchie, la question est de savoir sur quelles bases l’indispensable compromis peut être obtenu, en incluant la chancelière Angela Merkel, qu’Emmanuel Macron rencontrera mardi. Or la réponse tient en deux mots: solidarité et fermeté.
L’Italie, premier pays d’accueil des migrants dans l’UE avec la Grèce, a besoin d’aide concrète de ses partenaires européens les plus proches. L’ouverture des ports français serait dès lors un début de réponse, de même que l’engagement de Paris à accepter immédiatement une partie des migrants sauvés en mer. Le volet fermeté est la seconde partie de l’équation. Sans un affichage clair de sa détermination à faire respecter des critères communs d’asile, et à trouver des solutions pour le renvoi rapide ou différé des migrants déboutés, l’Union européenne ne parviendra jamais à reprendre l’initiative. Sauver les naufragés et ne pas laisser la Méditerranée devenir un cimetière est pour la France comme pour l’Italie une responsabilité morale incontournable. S’entendre sur un cadre commun pour gérer au mieux les flux migratoires est, entre les deux pays et pour leurs partenaires européens, une urgente exigence.
L’ouverture des ports français serait un début de réponse