Le Temps

Règles d’or

- L. K.

Quels conseils donneriez-vous à un écrivain qui voudrait se lancer dans l’écriture de polars? Le premier conseil serait de ne suivre aucune règle. Mais on peut enfreindre les règles à condition de les connaître. Si on n’a pas connaissan­ce des règles, alors on risque de s’éparpiller. Le roman policier a montré que c’était un mode narratif généreux à tel point qu’il peut accepter plusieurs types d’écriture, historique, social, divertissa­nt. Mais le roman policier peut être aussi de la littératur­e et de la grande littératur­e. Il permet toutes les libertés. Le roman policier aujourd’hui est urbain et pose un regard sur la violence de nos sociétés. C’est ce que j’aime le plus, créer un lien avec le lecteur. Et puis, il faut raconter des histoires. J’aime que l’on me raconte des histoires et j’aime raconter des histoires.

Est-ce qu’il faut trouver un personnage d’enquêteur marquant? Non, ce n’est pas indispensa­ble. Andreu Martin, un auteur espagnol parmi les plus remarquabl­es, n’a pas recours à un enquêteur en particulie­r. Le personnage récurrent est utile parce qu’il permet à l’auteur de lui transmettr­e ses obsessions. Henning Mankell observe la décadence du modèle social suédois à travers les yeux de son personnage Wallander. Ce genre de personnage permet de trouver un terreau propice pour développer des histoires. Dans mon cas, Mario Conde me sert de révélateur pour observer la société cubaine et tenter, même si c’est difficile, de comprendre la réalité cubaine mais sans l’expliquer.

Avez-vous des rituels? J’écris le matin, tous les jours, dimanche compris. Il faut trouver sa propre méthode de travail. J’écris une première version et ce n’est qu’à la fin de la première version que je découvre qui est l’assassin. Peu m’importe qui est l’assassin. Ce qui m’importe, c’est le regard sur la réalité, l’éclairage sur la société cubaine. Ce n’est qu’après avoir écrit les vingt premières pages d’un roman que je me sens en paix parce que, cette étape une fois franchie, je sais que je pourrai aller au bout. J’espère ne jamais me sentir en confiance ou avoir l’impression de détenir toutes les clés de l’écriture. A chaque roman, j’apprends.

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