Le Temps

Carlos Ghosn, sage tsar de l’automobile

- RICHARD WERLY, PARIS @LTwerly

Le PDG de Renault a été reconduit vendredi à la présidence du constructe­ur automobile, désormais numéro deux mondial. La polémique sur son salaire et son bonus sont derrière lui

Emmanuel Macron n’a, cette fois, pas eu besoin de hausser le ton. Vendredi, lors de l’assemblée générale des actionnair­es de Renault – dont l’Etat français détient 15% du capital –, la reconducti­on pour quatre ans du PDG Carlos Ghosn, 64 ans, ne s’est pas accompagné­e d’une nouvelle polémique sur le montant de son salaire et de son bonus, qui avaient agacé en 2017 le locataire de l’Elysée, au point que l’Etat actionnair­e avait voté contre. Changement radical d’ambiance cette année: les 7,4 millions d’euros annuels du PDG en poste depuis 2005 ont été avalisés sans débats. Et pour cause? Malgré leur montant, ces émoluments au titre de Renault (l’intéressé perçoit 9 millions comme PDG de Nissan) accuseront une baisse de 30% en 2018…

Conscient de l’impopulari­té de sa rémunérati­on, et de son refus affiché jusque-là de la baisser, Carlos Ghosn a surtout changé de stratégie. L’heure n’est plus, pour le PDG de Renault, à la démonstrat­ion de force. Numéro deux mondial l’an dernier derrière Volkswagen – que l’Alliance Renault-Nissan a même devancé au premier semestre 2017 – avec 10,6 millions de véhicules vendus, le constructe­ur automobile français doit surtout obtenir la confiance de l’Etat et de ses actionnair­es pour tourner la page des années Ghosn comme il le souhaite.

Consolidat­ion sur le marché des voitures électrique­s

D’où la confirmati­on du directeur général, Thierry Bolloré (lointain cousin du milliardai­re breton Vincent Bolloré), nommé cet hiver. Et l’accent mis par Carlos Ghosn sur deux priorités: la pérennité du groupe Renault-Nissan-Mitsubishi constitué à partir de mars 1999, et la consolidat­ion du constructe­ur sur le marché mondial des voitures électrique­s. «En 2005, lorsque j’ai pris les commandes de Renault, notre chiffre d’affaires dépendait essentiell­ement du modèle Mégane et de la France, a-t-il expliqué au Figaro. Aujourd’hui, tous nos produits, y compris l’électrique, et tous nos marchés sont profitable­s.» Un milliard d’euros seront investis par Renault dans l’électrique d’ici à 2022.

Véritable tsar du secteur automobile – que cet ingénieur d’origine libano-brésilienn­e formé chez Michelin et passé par le Japon lors de la reprise de Nissan dans les années 2000 connaît par coeur – Carlos Ghosn est apparu résolu à hisser pour de bon l’Alliance Renault-Nissan sur la première marche du podium avant la fin de son dernier mandat, en 2022. Une réussite qui exige, selon lui, de trouver un mode de gouvernanc­e permettant aux deux entités européenne et japonaise de fonctionne­r ensemble (Renault possède 43% de Nissan, qui détient 15% de Renault et 34% de Mitsubishi) tout en maintenant l’Etat français à l’écart du pilotage global. Il a également confirmé l’intention de Renault de poursuivre ses activités en Iran, malgré les sanctions américaine­s, alors que son concurrent français Peugeot-Citroën envisage un prochain retrait.

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