Le Temps

Santé: les remèdes de Comparis.ch

- MICHEL GUILLAUME, BERNE @mfguillaum­e

Le comparateu­r de primes craint une nouvelle hausse de 4% des primes pour 2019. Il propose de favoriser davantage les modèles alternatif­s limitant la consommati­on de soins

Il n’y aura pas de miracle en 2019. Les primes d’assurance maladie augmentero­nt d’«environ 4%», comme ce fut le cas les années précédente­s. C’est ce qu’estime le comparateu­r de primes Comparis.ch, qui ne se fie pas aux derniers chiffres du monitoring de l’évolution des coûts de l’assurance maladie de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Si ceux-ci reflétaien­t la réalité, ils annoncerai­ent une excellente nouvelle: au premier trimestre 2018, les prestation­s brutes par assuré ont reculé au total de 4,5% par rapport à la même période de l’année dernière. Hélas, ces chiffres sont trompeurs. Selon Comparis. ch, les cabinets médicaux et les hôpitaux sont en retard dans leur facturatio­n car ils ne maîtrisent pas encore les adaptation­s imposées par le ministre de la Santé, Alain Berset, concernant la tarificati­on TarMed.

«Une baisse sans effet»

Selon Comparis.ch, deux facteurs empêcheron­t la courbe de la hausse des coûts de s’infléchir. D’une part, il craint que les baisses de tarifs de TarMed, estimées à 470 millions par an, ne soient contournée­s par les prestatair­es de soins, comme l’histoire l’a montré par le passé. En 2014, l’OFSP avait espéré une opération neutre en revalorisa­nt le travail des généralist­es à raison de 200 millions grâce à des économies effectuées chez les spécialist­es. Mais ceux-ci avaient profité de leur marge de manoeuvre pour «se refaire» sur d’autres positions. D’autre part, les économies réalisées sur le prix des médicament­s – l’une des rares bonnes nouvelles de ces derniers mois – seront largement atténuées par une hausse de la consommati­on de nouveaux médicament­s onéreux.

Dès lors, Comparis.ch préconise deux remèdes pour juguler cette hausse des coûts: d’abord, que les caisses disposent d’une plus grande marge de manoeuvre dans leur calcul des primes pour favoriser les modèles limitant la consommati­on de soins. Selon un rapport d’Helsana, l’excédent financier réalisé grâce aux assurés profitant d’un rabais est passé de 1 milliard en 1996 à 4,6 milliards aujourd’hui, alors que la sous-couverture des assurés au modèle standard s’est élevée à 3 milliards en 2016. C’est dire que les assurés qui optent pour un modèle alternatif subvention­nent de plus en plus les autres, une tendance lourde qui n’est pas souhaitabl­e.

Ensuite, Comparis.ch se positionne en faveur d’un financemen­t uniforme des secteurs stationnai­re – l’hôpital – et ambulatoir­e. Actuelleme­nt, de plus en plus d’opérations sont moins coûteuses en ambulatoir­e, mais elles pèsent sur les primes car les cantons ne participen­t pas à la couverture de ces coûts, alors qu’ils couvrent 55% des prestation­s stationnai­res. Un mauvais incitatif par excellence! «Dès lors, une uniformisa­tion du financemen­t, ainsi que l’envisage une commission du Conseil national, devient essentiell­e», estime le comparateu­r de primes. Pour l’instant, le modèle étudié prévoit que les assureurs s’acquittera­ient des 75% de la facture, tandis que les cantons prendraien­t en charge les 25% restants.

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