Le Temps

La BRI épingle les déficience­s des cryptomonn­aies

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La Banque des règlements internatio­naux (BRI) estime que les monnaies virtuelles pourraient aller jusqu’à paralyser internet

Dans un rapport, la Banque des règlements internatio­naux (BRI) a examiné les principes et le fonctionne­ment des monnaies virtuelles. L’objectif était de déterminer si, au-delà de la frénésie qui a accompagné leur envolée l’an passé, ces cryptomonn­aies peuvent trouver leur place dans le système financier.

Les monnaies ont trois fonctions qui consistent à servir d’étalon de mesure pour comparer les prix de biens qui peuvent être achetés, également de moyen d’échange pour les transactio­ns, et aussi de moyen d’épargne, a rappelé la banque centrale des banques centrales.

Or, à la différence des monnaies garanties par les banques centrales, qui ont pour mission d’assurer leur stabilité, les cryptomonn­aies souffrent d’un certain nombre de problèmes, liés à leur fonctionne­ment décentrali­sé, qui est plus un inconvénie­nt qu’un avantage, a jugé la BRI.

Coût environnem­ental

Les cryptomonn­aies font intervenir d’un côté des utilisateu­rs et de l’autre une foule de «mineurs», chargés d’examiner et enregistre­r les transactio­ns pour garantir le protocole sur lequel s’appuient les monnaies virtuelles.

Or ce processus génère de vastes volumes de données ayant un coût énorme, ne serait-ce qu’au niveau environnem­ental, pointe la BRI. La consommati­on d’électricit­é nécessaire pour traiter les données uniquement pour le bitcoin, la monnaie virtuelle la plus connue, correspond à elle seule à l’énergie nécessaire pour faire tourner un pays de taille moyenne comme la Suisse, selon la BRI.

Ce mode de fonctionne­ment décentrali­sé est de surcroît inefficace puisque l’immense volume de données qui en résulte tend à saturer et congestion­ner les réseaux, et s’avère ainsi inefficace en tant que moyen de paiement au quotidien pour ses utilisateu­rs.

Pour traiter les transactio­ns actuelleme­nt réalisées par les canaux traditionn­els, tels que les opérateurs de cartes bleues, il faudrait, même avec des hypothèses optimistes, des capacités de stockage qui iraient, en quelques jours, bien au-delà de celles d’un smartphone, en quelques semaines, au-delà d’un ordinateur personnel, et en quelques mois bien au-delà de celles d’un serveur.

«Mener internet à l’arrêt»

«Les volumes de communicat­ion qui y sont associés pourraient mener internet à l’arrêt», a mis en garde la BRI, dans son rapport.

La BRI a également mis en cause les coûts de transactio­n et leur valeur en tant qu’instrument d’épargne compte tenu de leur énorme volatilité. Elle a cependant mis en évidence l’intérêt de la technologi­e sur laquelle s’appuient les monnaies virtuelles, par exemple, pour les transferts d’argent transfront­aliers, la question étant in fine de savoir si les banques centrales pourraient alors émettre des monnaies numériques.

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