Le Temps

Des écoliers genevois volent au secours des passagers bloqués à l’aéroport

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Un cours a initié des élèves du cycle d’orientatio­n à la création d’entreprise. Les gagnantes ont ciblé le marché des passagers aériens

Une tempête de neige a peut-être mené une écolière genevoise à découvrir sa vocation d’entreprene­ur. C’est en observant sa soeur, bloquée dans un aéroport à cause des conditions météorolog­iques et obligée d’y dormir, allongée sur son sac de voyage, qu’Ingrid Kaufmann, élève en 9e année du Cycle d’orientatio­n de la Gradelle, a eu l’inspiratio­n qui a mené à Save Sleep.

L’idée est d’offrir des espaces de type hôtelier aux voyageurs contraints de prolonger leur passage à l’aéroport. Ingrid Kaufmann et sa camarade de classe Salomé Doy ont créé un logo, elles ont fixé des tarifs, elles ont déterminé la décoration des chambres, ce qui pourrait même être la source d’un partenaria­t avec un distribute­ur de meubles, soulignent-elles malicieuse­ment.

Un concept d’entreprise

C’est que Save Sleep est un concept d’entreprise développé par les deux élèves à l’occasion d’un cours de sensibilis­ation à l’entreprene­uriat, organisé conjointem­ent par le Départemen­t genevois de la formation et de la jeunesse (ex-DIP) et la Direction générale du développem­ent économique, de la recherche et de l’innovation. Encadrées par des profession­nels, elles ont déployé, de mars à juin, à raison de 45 minutes par semaine, un projet qu’elles ont présenté, mardi soir, à un jury (dans lequel Le Temps comptait un membre), qui les a désignées vainqueurs. Une distinctio­n qui pourrait affermir leurs plans profession­nels: créer une entreprise active dans la mode, pour Salomé Doy et ouvrir son propre hôtel, pour Ingrid Kaufmann.

Un gilet en guise de cartable

Si le destin devait permettre à ces élèves de réaliser ces rêves, alors le projet pilote qu’elles viennent de suivre durant quatre mois n’aura pas été inutile. D’autres idées primées mardi soir pourraient le prouver. Thistop, par exemple, une applicatio­n pour smartphone née dans l’esprit de Pierre-André Miserez et Olivier Paoliello qui a éveillé l’intérêt des TPG. Son principe: avertir les utilisateu­rs des transports publics que l’arrêt auquel ils doivent descendre approche. Il arrive aux adolescent­s, raconte le duo, de s’endormir dans le bus.

Avec Easy Back, Giancarlo Keresztes et Tim Vuillemin ont résolu un problème très concret de la vie scolaire: le poids des cartables. Le prototype de gilet doté de grandes poches qu’ils ont mis au point répartit le poids de manière plus équilibrée qu’un sac à dos. Enfin, Insula Medicalis (porté par Joël Aedo, Fiori Tekle et Shalem Toribio Guzman) est un bracelet qui doit aider les diabétique­s dans leur vie quotidienn­e.

Des compétence­s peu valorisées à l’école

A l’heure du bilan de ce cours facultatif, Isabelle Vuillemin, membre de la Direction générale de l’enseigneme­nt obligatoir­e, ne cache pas sa satisfacti­on. «La société évolue, et nous devons ajuster l’école à ces changement­s», dit-elle. «Développer un argumentai­re, présenter un projet, prendre la parole en public: ce cours aide à acquérir de vraies compétence­s auxquelles on ne donne que peu de sens dans le cadre scolaire», renchérit Paola Marchesini, directrice générale de l’Enseigneme­nt obligatoir­e. Cofinancé par le DFJ et le départemen­t présidenti­el, ce cours pourrait être pérennisé dès la rentrée d’août.

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