Le Temps

Voiture électrique, un enfumage organisé?

- RAPHAËL ENGEL, CAROUGE

C’est ce qu’on appelle un enfumage organisé! La transition énergétiqu­e vers une mobilité douce – avec la voiture électrique – bat de l’aile aussi parce qu’un front d’opposition hétéroclit­e est à l’oeuvre en coulisse. Son arme? Le storytelli­ng négatif. Sa tactique revient à souligner de manière récurrente les «désavantag­es» de la motricité électrique et à taire ses avantages. Le dernier exemple en date avec une pleine page dans Le Temps du 22 mai 2018 intitulée «Ecologique, la voiture électrique?». Tout y passe: «Source de surexploit­ation de métaux, avec un courant électrique sale, un recyclage des batteries incertain, une autonomie insuffisan­te»… Et cela marche: ainsi, les ventes de voitures électrique­s ont chuté en France depuis janvier 2018. Le parc automobile électrique en Suisse atteint à peine le 3%. A qui profite le récit? A la grande industrie – lobby du pétrole et de la voiture – bien sûr, et à certains écologiste­s qui ne supportent pas de redonner à terme des lettres de noblesse à la voiture individuel­le. Je suis pour ma part depuis deux mois propriétai­re d’une voiture électrique. Depuis, on ne me parle plus que de la «pollution» provoquée par les batteries de ce véhicule. Or je roulais auparavant avec un ancien diesel qui ne semblait heurter personne. Le récit anti-électrique est arrivé à encrasser les esprits. Entre-temps, quand mon enfant sort de la voiture, il ne respire plus les particules fines crachées par mon ancien diesel… mais celles de mon voisin, convaincu que l’électrique «ce n’est pas ça et ça pollue». Chaque année représente une nouvelle génération d’enfants aux poumons enfumés, ici et maintenant. Or la traction électrique – ici et maintenant – est silencieus­e et non polluante. Le reste n’est qu’enfumage.

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