Russie de Poutine, rappel de quelques vérités
Dresser en 2018 un parallèle entre le Kosovo et la Crimée, comme cela a été fait dans un récent Infrarouge consacré à la Russie de Poutine, est une ignominie. Parce que les temps ont changé, que la mémoire est courte et brouillée chez certains, il faut le dire et le répéter. La situation au Kosovo en 1999 était dramatique, car la majorité de sa population, les Albanais, était la cible d’une politique de «nettoyage ethnique» de la part du régime de Belgrade. Ce dernier, quelques années plus tôt en Bosnie, s’est adonné à un génocide, ramenant le continent européen aux heures les plus sombres de son histoire. Il ne peut en être dit autant de la population de Crimée. Aucune considération humanitaire n’imposait d’action militaire en cette région. Que l’intervention humanitaire de l’OTAN au Kosovo soit discutable est une chose. Toutefois, l’agression russe de l’Ukraine et la spoliation de son territoire répondent à une tout autre logique et ici comparaison est très loin d’être raison. C’est à juste titre qu’il est nécessaire de souligner les errements, les erreurs et les violations du droit international commises par les Etats-Unis d’Amérique et leurs alliés occidentaux. On ne peut se faire le chantre d’idéaux triomphants en nos terres tout en les jetant par-dessus bord ailleurs et en fermant les yeux. Cela ne justifie par contre pas que les démocraties libérales soient mises sur un pied d’égalité avec un pays comme la Russie, qui n’est ni plus ni moins qu’une véritable dictature. Le soutien à ce régime dans une partie grandissante de nos populations aujourd’hui est effrayant, car nous devrions tendre vers une consolidation de nos acquis démocratiques, sociaux et libéraux, et non pas plébisciter une régression faisant de la vision russe un modèle pour notre monde.