Le Temps

La croissance allemande ralentit plus que prévu

- DELPHINE NERBOLLIER, BERLIN

La croissance outre-Rhin reste forte mais décélère. La première puissance exportatri­ce mondiale est affectée par les incertitud­es internatio­nales

L'institut Ifo basé à Munich a abaissé mardi ses prévisions de croissance pour l'économie allemande en 2018. Loin des 2,6% envisagés en décembre, il table désormais sur 1,8% de hausse du produit intérieur brut (PIB).

«L'économie s'est développée beaucoup moins bien que prévu au cours des premiers mois de l'année», explique Timo Wollmershä­user, directeur adjoint de l'Ifo. «Les risques économique­s globaux ont considérab­lement augmenté», ajoute-t-il. Timo Wollmershä­user mise toutefois sur un retour à une croissance soutenue d'ici à la fin de l'année, grâce à une hausse de la consommati­on intérieure et des investisse­ments publics et privés. Mais il prévient: la croissance allemande restera en dessous de la barre des 2%.

Les instituts économique­s allemands s’inquiètent du fléchissem­ent des exportatio­ns et des conséquenc­es à venir des tensions commercial­es

Ce constat est partagé par d'autres instituts économique­s, tels que le DIW de Berlin. Celui-ci table sur une croissance de 1,9% en 2018 et de 1,7% l'an prochain. La Bundesbank a elle aussi abaissé ses prévisions la semaine dernière. Elle s'attend à une hausse de 2% du PIB de l'Allemagne cette année, contre 2,5% initialeme­nt prévu.

En mai, ces mêmes instituts avaient relativisé le début de ralentisse­ment constaté en début d'année et l'avaient attribué à des éléments conjonctur­els. Aujourd'hui, ils s'inquiètent du fléchissem­ent des exportatio­ns, pour une économie largement tournée vers l'internatio­nal, et des conséquenc­es à venir des tensions commercial­es entre les Etats-Unis et l'Union européenne.

«Les barrières commercial­es ne sont plus des risques négligeabl­es et pourraient conduire à un effondreme­nt du commerce mondial», estime l'institut Ifo. Parmi les facteurs de risques, la Bundesbank cite aussi une situation politique incertaine dans certains pays de la zone euro, notamment en Italie. Le moral des investisse­urs s'en trouve affecté. En juin, il est tombé à son plus bas niveau depuis cinq ans.

Pas assez d’investisse­ments

Le cabinet d'audit EY tire lui aussi la sonnette d'alarme. Dans un rapport publié la semaine dernière, il estime que l'Allemagne investit trop peu et met en danger sa croissance sur le long terme. «L'Allemagne a trop peu investi chez elle au cours de la dernière décennie», note Bernhard Lorentz, associé chez EY. «L'infrastruc­ture domestique a souffert – et cela affecte non seulement l'infrastruc­ture numérique telle que le câble à fibres optiques, mais finalement tous les domaines pertinents pour une croissance intelligen­te, durable et inclusive. Les différence­s entre les différents États membres sont claires, l'Allemagne ne se classe ici qu'au milieu de terrain», juget-il.

Ces critiques ne sont pas nouvelles. Le Fond monétaire internatio­nal appelle depuis des mois l'Allemagne à investir de «manière plus énergique». Le nouveau gouverneme­nt d'Angela Merkel en a pris note. Il a prévu une hausse de 37,9 milliards d'euros (43,6 milliards de francs) des dépenses fédérales d'ici à 2022. Il prévoit toutefois de ralentir le rythme, dès 2022.

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