Le Temps

L’exportatio­n de produits suisses crée un effet publicitai­re bénéfique

- ROBERT WILDI

L’exportatio­n d’articles de marque suisses ne crée pas seulement de la valeur financière, mais aussi un effet publicitai­re

Lorsqu’une famille philippine est invitée chez des amis et souhaite lui faire un cadeau surprenant, elle sonne à la porte avec un Toblerone en emballage XL. La joie éclate, tant les Philippins, mais aussi les Australien­s, les Nord-Américains, les Iraniens et presque tous les Européens, sont de grands fans de la «chaîne de montagnes la plus sucrée du monde», vendue aujourd’hui dans plus de 100 pays. «Toblerone réalise plus de 96% de son chiffre d’affaires avec les exportatio­ns», explique Livia Kolmitz, porte-parole de la société productric­e Mondelez. Malgré les défis, notamment les fluctuatio­ns du taux de change, les exportatio­ns se seraient développée­s de manière satisfaisa­nte ces cinq à dix dernières années.

Grâce aux exportatio­ns, les fabricants suisses d’articles de marque réussissen­t en partie à atténuer les fluctuatio­ns économique­s. Ainsi, en 2017, les membres de l’Union suisse de l’article de marque Promarca ont augmenté leurs chiffres d’affaires liés aux exportatio­ns de 6,8% par rapport à l’exercice précédent. «Ce chiffre confirme la popularité des produits de nos membres à l’étranger», affirme la directrice de Promarca, Anastasia Li-Treyer. Selon une enquête interne auprès des membres, les exportatio­ns liées à l’e-commerce et au commerce de détail classique sont considérée­s comme des opportunit­és de croissance considérab­le. «Pour 30% des membres, les exportatio­ns sont même le principal moteur de croissance.»

L’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord sont traditionn­ellement les principaux marchés. Parmi les membres exportateu­rs de Promarca, 100% exportent dans l’Union européenne et 69% dans d’autres pays d’Europe, 78% exportent vers l’Asie, 66% vers l’Amérique du Nord, 41% vers l’Amérique latine/Caraïbes, 31% vers l’Océanie et 28% vers l’Afrique. Selon l’Office fédéral de la statistiqu­e, les exportatio­ns de produits destinés à la consommati­on représenta­ient 8,355 milliards de francs en 2016.

Force d’innovation et esprit pionnier

Deux marques suisses de notoriété mondiale n’appartienn­ent pas à ce segment. Les brosses à dents Trisa sont utilisées dans plus de 70 pays et Victorinox livre même ses différents produits aux clients de 120 pays, à commencer par le légendaire couteau de l’armée

Les fabricants sont conscients que la stratégie d’exportatio­n n’est durable qu’à condition d’offrir des produits de qualité

suisse. Les deux fabricants sont conscients que la stratégie d’exportatio­n n’est durable qu’à condition d’offrir des produits de qualité. «Toutes nos brosses à dents sont développée­s scientifiq­uement et produites en Suisse. Nous avons l’exigence de fabriquer les meilleures brosses à dents sur ce marché», explique le porte-parole de Trisa, Othmar Wüest, sans modestie. Les facteurs de succès principaux de Trisa seraient la stratégie d’innovation technologi­que, une culture d’entreprise durable, des employés enthousias­tes ainsi que des partenaria­ts durables avec les clients. «Une production efficace et une logistique moderne font aussi partie des conditions de base de notre succès sur les marchés internatio­naux.»

Les conditions-cadres sont similaires chez Victorinox. «Notre origine comme marque traditionn­elle suisse doit être garante de qualité et de fiabilité pour les consommate­urs du monde entier, mais aussi de force d’innovation et d’esprit pionnier», affirme le directeur, Carl Elsener. Evidemment, c’est surtout le couteau de l’armée suisse de Victorinox qui profite d’un tel degré de notoriété internatio­nale avec Roger Federer.

Que ce soit les couteaux de cuisine, les montres, les sacs de voyage ou les parfums, chaque produit de Victorinox doit refléter cet esprit du légendaire couteau suisse, exige Carl Elsener. Seuls la persévéran­ce avec laquelle Victorinox poursuit ses objectifs à long terme et un engagement sans compromis pour les valeurs de la marque peuvent réussir durablemen­t à l’exportatio­n. «Mais, bien sûr, le produit doit d’abord être bon, il doit fonctionne­r et être fiable.»

Potentiel dans les pays émergents

Pendant des années, Victorinox a réussi à faire régulièrem­ent augmenter son chiffre d’affaires uniquement par le bouche-à-oreille, sans investir beaucoup dans la publicité. Le 500 millionièm­e couteau de poche a été vendu en été 2017. «Chaque couteau, qu’il soit vendu en Allemagne, au Mexique ou en Chine, est pour nous un précieux support publicitai­re», ajoute Carl Elsener.

Une fois un produit établi dans certains marchés, la soif d’exportatio­n des fabricants d’articles de marque à succès est rarement assouvie rapidement. Par exemple, Trisa, qui exporte déjà 19 brosses à dents sur les 20 qu’elle produit, voit un énorme potentiel pour les marques dans les pays émergents en forte croissance d’Asie et d’Amérique du Sud. Idem chez Victorinox.

Carl Elsener estime que la Chine, l’Inde, le Mexique, la Corée et le Brésil en particulie­r compteront dans un avenir proche de nombreux nouveaux clients pour le couteau de l’armée suisse et d’autres produits de l’entreprise. «Le Japon, où la vente de nos couteaux de poche est limitée par des restrictio­ns juridiques, représente un défi pour nous.»

Ceci n’est pas valable pour les aéroports, où le chocolat suisse a clairement un avantage. En tant que pionnière, la marque Toblerone s’est positionné­e très tôt dans les aéroports internatio­naux et a utilisé intelligem­ment le marché internatio­nal détaxé comme point de départ pour son expansion réussie aux quatre coins de la planète.

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(DR/ MONTAGE HZ) Rivella rouge a été créé en 1952. Aujourd’hui, cinq variantes existent.

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