Le Temps

Le Kazakhstan veut séduire les banques suisses

- RAM ETWAREEA t @ram52

INVESTISSE­MENTS Les autorités kazakhes veulent casser leur dépendance au pétrole et au gaz et diversifie­r leur économie. Et ambitionne­nt de voir Astana devenir un centre financier pour toute l’Asie centrale. Elles en appellent aux capitaux et au savoir-faire suisses

Le conseiller fédéral chargé de l’Economie, Johann Schneider-Ammann, conduira début juillet une délégation d’une trentaine d’hommes d’affaires suisses en Asie centrale, notamment au Kazakhstan. Ce pays, le quatrième plus grand du monde, inaugurera alors l’Astana Internatio­nal Financial Centre (AIFC) mais invite d’ores et déjà les acteurs financiers suisses à y jouer un rôle moteur. «Nous attendons certaineme­nt des banques, mais aussi des gestionnai­res de fortune et des spécialist­es de la fintech, a déclaré Kairat Kelimbetov, le gouverneur de l’AIFC lors d’une présentati­on mercredi à Genève. Notre patrimoine (fonds souverain, réserves et caisses de pension) s’élève à presque 100 milliards de dollars.»

Autant dire que les deux grandes banques suisses, UBS et Credit Suisse, mais aussi Pictet Wealth Management et UBP ont déjà pignon sur rue à Astana. Nouvelle capitale kazakhe dont l’aménagemen­t a commencé en 1998, celle-ci est déjà devenue le centre névralgiqu­e pour les affaires en Asie centrale. L’ancienne capitale Almaty demeure un centre commercial et culturel majeur.

Développem­ent foudroyant

L’économie kazakhe a connu un développem­ent foudroyant ces vingt dernières années grâce au pétrole et au gaz et aux autres matières premières minières. Outre les banques, des dizaines d’autres entreprise­s suisses – Mabetex, ABB, Glencore, Nestlé ou encore Gate Gourmet – sont déjà implantées dans le pays.

«Nous entretenon­s des relations stratégiqu­es et privilégié­es avec la Suisse», a souligné le gouverneur de l’AIFC, faisant référence à l’appartenan­ce de son pays au groupe que dirige la Suisse au sein des institutio­ns de Bretton Woods (Banque mondiale et Fonds monétaire internatio­nal). En tant qu’ancien président de la banque centrale de son pays, Kairat Kelimbetov a longuement collaboré avec les autorités suisses, notamment en matière de gestion des finances publiques.

En réalité, le Kazakhstan, qui est dirigé par Noursoulta­n Nazarbaïev depuis son indépendan­ce en 1991, atteint les limites de son développem­ent qui s’est reposé presque exclusivem­ent sur le pétrole et les matières premières. Le besoin de diversific­ation s’est encore fait davantage ressentir ces dernières années lorsque les prix mondiaux ont fortement baissé. Au début des années 2000, le pays enregistra­it un taux de croissance de son produit intérieur brut autour de 10% par année. L’an dernier, il est tombé à 4%.

«Nous avons souffert de la dépréciati­on de notre devise [le tenge] et de la baisse des réserves financière­s, a expliqué Baur Bektemirov, chef économiste de l’AIFC. Cette situation a aussi mis en lumière d’autres faiblesses. Par exemple, l’agricultur­e représente 4 à 5% du PIB alors qu’elle emploie 25% de la population active.»

Le Kazakhstan ne manque pas d’atouts pour faire saliver les investisse­urs, notamment sa proximité avec la Chine et la Russie et ses besoins en infrastruc­tures. Autre atout, le pays est membre de la zone de libre-échange de l’Union économique eurasiatiq­ue, un marché de 180 millions de consommate­urs, qui comprend la Russie, la Biélorussi­e, l’Arménie et le Kirghizist­an. Le pays compte aussi privatiser de nombreux services publics dont les télécoms et les transports.

«Notre participat­ion à l’initiative chinoise Les nouvelles routes de la soie devrait aussi représente­r une aubaine pour les investisse­urs», a renchéri Kairat Kelimbetov. La Chine et le Kazakhstan ont signé des accords pour des infrastruc­tures à hauteur de 24 milliards de dollars. Au total, les pays membres de cette initiative comptent consacrer 700 milliards d’ici à 2022 dans l’aménagemen­t des routes, du rail et les ports dans la mer Caspienne.

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(SERGEY PYATAKOV/SPUTNIK) Astana, la nouvelle capitale du Kazakhstan, a connu un développem­ent foudroyant en vingt ans grâce aux pétrodolla­rs.

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