Le Temps

Les marques servent de boussole

Les marques ne sont pas une fin en soi. Elles constituen­t un moyen d’orientatio­n et de crédibilit­é dans un univers de la consommati­on embrouillé. Et y ajoutent une dose d’émotion

- VERA SOHMER

Le schabziger de Glaris est un fromage à la recette antique et c’est bien ce qui lui confère un tel prestige. Dès 1463, les producteur­s ont été contraints par la loi de fabriquer ce fromage épicé de lotier selon des prescripti­ons de qualité précises et d’y imprimer un sceau d’origine. Le schabziger est ainsi devenu le plus ancien article de marque de Suisse. «Sinon du monde», écrit le producteur laitier Geska.

De haute tradition, ancrés dans une région, d’une qualité invariable: voilà quelques-unes des caractéris­tiques que l’on attribue aux produits de marque. Des valeurs que la clientèle aime invoquer, surtout dans un monde submergé d’informatio­ns et de fake news, où il devient toujours plus difficile de faire la différence entre le vrai et le faux, souligne Carsten Baumgarth, professeur de marketing. Au milieu d’un gigantesqu­e choix de produits, les marques offrent de quoi s’orienter un brin. Ce qui marche: le «Swissness» ou l’indication «Swiss made», même s’il n’est pas toujours aisé de comprendre quels critères doivent être remplis pour mériter un tel label. Pour beaucoup de consommate­urs, la croix suisse ou l’arbalète blanche sur fond rouge signifient exclusivit­é, qualité et fiabilité. Et l’on est prêt à payer davantage pour cela. Les facteurs émotionnel­s et psychologi­ques jouent un rôle déterminan­t dans la décision d’achat. Les marques reflètent l’esprit du temps, représente­nt une image précise. Elles promettent une expérience hors du commun, un statut social, l’accès à un groupe de pairs. Il n’est donc pas étonnant que les marques fassent partie des sources immatériel­les les plus importante­s qui composent la valeur globale d’une entreprise.

«Les marques ne sont pas une fin en soi», signale Anastasia Li-Treyer, de l’Union suisse de l’article de marque Promarca. Elles servent à identifier et à différenci­er des produits. En outre, leurs producteur­s sont des moteurs d’innovation qui servent de référence pour la concurrenc­e. Des efforts qui s’avèrent importants pour l’économie helvétique. Des chiffres: en 2017, à eux seuls, les 85 membres de Promarca et leurs 15 000 employés ont lancé quelque 6400 nouveaux produits, 442 de plus que l’année précédente. Le chiffre d’affaires annuel aura été de 12 milliards de francs, exportatio­ns comprises. Plus de 700 millions de francs ont été investis cette année-là dans le site de production suisse.

Qu’est-ce qui est le plus précieux, le plus réputé, le plus digne de confiance? Les classement­s de marques tels que celui de Promarca le révèlent. Cette année, Zweifel figure en tête: un fabricant de biens de consommati­on qui privilégie ses racines suisses et qui, comme le montre un sondage auprès des consommate­urs, jouit d’une grande estime.

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(DR/MONTAGE HZ) Ces chips de pomme de terre ont été lancées sous la marque Zweifel en 1958 déjà.

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