De zéro à héros: le cas Xavier Justo
Il y a deux ans, il croupissait dans une prison de Bangkok, dans des conditions qu’il décrit comme épouvantables. Désormais libre, le Genevois Xavier Justo a été fêté en héros en Malaisie le mois dernier, à l’issue des élections qui ont vu la chute du premier ministre Najib Razak.
Il a été le déclencheur de ce séisme politique. Ce sont les données soustraites à son ancien employeur PetroSaudi, qu’il a remises à l’opposition malaisienne, qui ont révélé l’ampleur de la corruption dans l’entourage de Najib Razak. PetroSaudi l’accuse d’avoir volé 90 gigaoctets de documents; Xavier Justo prétend qu’un informaticien de l’entreprise les lui a remis, ce que l’employé en question, interrogé par la police fédérale l’an dernier, a démenti.
Lors de son voyage en Malaisie, Xavier Justo a rencontré le nouveau premier ministre, Mahathir Mohamad. Ce dernier lui aurait annoncé des poursuites contre les principaux acteurs des détournements qui ont coulé le fonds 1MDB, y compris ceux qui vivent en Suisse. Jusqu’à présent, la justice malaisienne a refusé d’enquêter sur le scandale. Mais son nouveau procureur général, Tommy Thomas, a annoncé à son homologue helvétique Michael Lauber qu’il allait coopérer sérieusement avec la Suisse.
Aujourd’hui, Xavier Justo est en croisade pour restaurer son honneur. Ce printemps, il a déposé plainte en Suisse et en Grande-Bretagne contre les dirigeants de PetroSaudi, qu’il accuse d’avoir fait pression sur lui avant et pendant sa détention en Thaïlande. «Je ne les lâcherai jamais», annonce-t-il sombrement.
Du côté de PetroSaudi, on minimise ces menaces. Tout en admettant que le nouveau statut de Xavier Justo en Malaisie change le rapport de forces en sa faveur.
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