Bientôt l’effacement des technologies?
Il y a une thématique autour de laquelle se noue une bonne partie des débats sur la technologie. C’est un point crucial à la fois pour les utilisateurs et les concepteurs de nouveaux produits et services. Cela valide immédiatement l’utilisation d’une nouvelle application – ou au contraire tue dans l’oeuf une avancée qui ne trouvera jamais son public. On parle ici de la friction. Tant qu’il est compliqué d’utiliser un nouvel outil, on sera réticent à le faire, quand bien même la technologie sur laquelle il se base constituerait un progrès.
Pour abolir les frictions, nous, les consommateurs, sommes tout à fait disposés à payer un prix, même très élevé. Pour accéder à toutes sortes d’applications, nous sommes longtemps passés par l’entremise de Facebook, en livrant nos données. Notre sphère privée? On s’en fichait tant que nous pouvions accéder en deux clics à Spotify ou à Amazon plutôt que de remplir un pénible formulaire d’inscription. Le débat sur la gestion de ces données par le réseau social n’avait pas encore fait rage…
Mais regardez autour de vous: toutes les frictions qui pourraient être abolies. Et cela du monde de la santé (à quand un dossier unique avec un historique qui vous suit?) jusqu’au restaurant – même si vous êtes un client régulier, vous devrez concéder 20% du temps que vous y aurez passé à attendre l’addition (moyenne mondiale établie par PayPal)… Frictions!
L’intelligence artificielle (IA) a le pouvoir d’adoucir tous ces angles droits de la vie quotidienne. Ce qui veut dire des milliards de micro-transactions à la clé… et autant de chiffre d’affaires. Pour Rand Hindi, un entrepreneur français rencontré cette semaine lors du forum Swisscom Dialogue, le point de bascule n’est pas loin.
L’IA, déjà bien présente, va envahir notre quotidien sans pour autant changer notre style de vie: quand vous entrez dans une pièce allumée grâce à l’électricité, vous ne vous étonnez plus, ironise-t-il. Ce sera la même chose avec l’assistance apportée par la blockchain dans les smart contracts, par exemple.
Plus la technologie va se développer, moins nous la ressentirons, et elle finira par s’effacer, tout en créant toujours plus de valeur. Dans ce voyage, prévient Rand Hindi, dont la start-up – Snips – oeuvre dans la protection de la sphère privée, il faudra se préserver du vol de notre porte-monnaie, de nos données ou de la disparition de nos libertés individuelles. L’homme du futur devra être augmenté par l’innovation mais pas assisté et encore moins diminué par cette dernière. C’est à espérer pour les 16% d’Américains qui ont installé un assistant personnel intelligent chez eux. Sommes-nous prêts en Europe à avoir, contre moins de frictions, un espion potentiel à la maison?