Sébastien Fanti pourrait perdre son poste
Le mandat du remuant délégué cantonal à la protection des données et à la transparence ne sera pas renouvelé tacitement. Le titulaire, dont le travail est majoritairement salué, mais dont le style déplaît, a des concurrents
L'arrêt d'Infomed, le dossier électronique du patient, c'est lui. La publication du dossier historique sur la pollution au mercure dans le Haut-Valais, encore lui. La dénonciation pénale des agissements de la commune de Bagnes en matière de construction, toujours lui. En quatre ans à son poste de préposé cantonal à la protection des données et à la transparence, Sébastien Fanti a fait bouger les choses. Mais rien n'indique qu'il pourra poursuivre son travail. Alors que son mandat doit être renouvelé en septembre par le parlement cantonal, le remuant et médiatique préposé n'est pas seul sur les rangs.
La Commission de la protection des données et de la transparence a confirmé cette semaine une information du Nouvelliste selon laquelle trois dossiers – dont celui de l'actuel titulaire – lui étaient parvenus, après mise au concours du poste pour la période 2019-2022. Cette instance n'a pas voulu d'un renouvellement tacite. Son président, Sébastien Nendaz, s'en explique: «Nous n'avons rien contre Sébastien Fanti, mais les députés qui ne sont pas satisfaits de son travail auront ainsi la possibilité de dire qu'ils n'en veulent plus.»
Des critiques contre la fonction
Durant la dernière session parlementaire, les démocrates-chrétiens haut-valaisans se sont montrés critiques. Ils ont notamment évoqué une collusion d'intérêts, Sébastien Fanti poursuivant en parallèle son métier d'avocat-notaire. Il ressort toutefois d'une audience tenue il y a quelques jours au Tribunal de Sierre que les fonctions d'avocat et de préposé à la protection des données ne sont pas incompatibles. Mais au-delà de la personne, c'est la fonction qui dérange le CVPO. «La majorité de nos députés estiment que la protection des données n'est pas un sujet important pour les cantons», indique son chef de groupe au parlement. Pour eux, le préposé fédéral en la matière suffit.
Un avis que la majorité du parlement ne partage pas. Tous les autres groupes ont souligné la qualité du travail de Sébastien Fanti, «véritable contre-pouvoir dans certaines circonstances», selon les mots de Jonathan Darbellay (Alliance de Gauche). Son travail lui a valu une procédure administrative de la part du conseiller d'Etat Jacques Melly, dans le cadre de la pollution au mercure dans le Haut-Valais. Devant le parlement, le ministre a précisé qu'il voulait obtenir des informations concernant les allégations d'un médecin qui évoque un problème de santé lié au mercure pouvant relever de l'épidémie. Sébastien Fanti a recouru contre cette décision et s'est ému que ni Jacques Melly ni le Service de l'environnement n'aient annoncé cette pollution massive au Ministère public, alors que la loi les y oblige.
Si les députés se montrent, dans la majorité, satisfaits du travail du préposé, tous, ou presque, lui reprochent toutefois son attitude. Les élus souhaiteraient plus de tact et de discrétion de sa part, notamment dans sa relation avec les médias. Ils auront l'occasion de lui faire ces reproches cet été, lors de l'audition des différents candidats au poste de préposé.
Le Grand Conseil n'est pas seul à s'intéresser à ce renouvellement de mandat. L'avocat sédunois Stéphane Riand a lancé une pétition en ligne intitulée «Faut-il sauver le soldat Fanti?», dénonçant la décision de ne pas renouveler le mandat sans autre: «Le seul fait de se demander s'il faut le maintenir dans ses fonctions est un acte déshonorant, qui jette le discrédit sur une personne qui a travaillé de manière exemplaire», affirme-t-il. Plus de 2500 personnes l'ont suivi dans sa démarche. ▅