Le Temps

Blockchain, «cave ne cadas»

- OLIVIER DEPIERRE AVOCAT, SPÉCIALIST­E DES TECHNOLOGI­ES BLOCKCHAIN ET CRYPTOMONN­AIES

La scalabilit­é. La voilà peut-être la quête du graal des développeu­rs blockchain en 2018. Les blockchain­s de première et deuxième génération­s, comme le bitcoin et le litecoin (dès 2008) puis comme Ethereum ou Dash (dès 2014) n’ont pas été conçues pour être facilement optimisées en cas de succès rapide et planétaire.

Bref rappel: l’effervesce­nce des transactio­ns sur ces blockchain­s entraîne une augmentati­on de la complexité des calculs à effectuer par les agents vérificate­urs de transactio­ns (les mineurs). Il en résulte une concurrenc­e acharnée entre ceux-ci pour avoir la plus grande puissance de calcul (hachage) possible malgré son pesant aussi énergivore que calorifiqu­e. C’est ainsi qu’à mi-mars 2018, la blockchain Bitcoin traite moins de quatre transactio­ns par seconde, chacune de celles-là exigeant actuelleme­nt plus de 300 kWh d’électricit­é, soit environ un mois de consommati­on moyenne mondiale par individu. Sans compter l’obsolescen­ce programmée des composants informatiq­ues… Raccourci: le bitcoin aurait donc un bel avenir dans le nucléaire et la création de déchets.

Validation décentrali­sée

Seulement voilà, il existe de nouvelles blockchain­s rêvant de s’approprier la recette de la soupe à l’oseille, entendez par là les comms et autres frais promis à qui réussira à achalander au mieux le «crypto-badaud» en plein «cyber-lèche-vitrine».

Dans la blockchain IOTA où les communicat­ions/transactio­ns entre les objets connectés (Internet of things) sont validées de manière entièremen­t décentrali­sée, soit sans l’intermédia­ire d’un quelconque mineur et donc directemen­t de pair-à-pair, on gagne du temps et on économise des sous. Mais il y a toujours un bout de registre à construire et à valider.

La fin des mineurs

Encore plus récemment, certaines blockchain­s (comme le protocole TODA) n’ont même plus de long registre à mettre à jour à coups de résolution­s d’équations mathématiq­ues qui ne servent à rien sinon à garantir la sécurité de la transactio­n envisagée (ce qui est déjà pas mal). Dans un tel modèle, le registre est contenu dans l’avoir digitalisé, à savoir celui-là même faisant l’objet de la transactio­n envisagée, plutôt que dans un registre public. Plus de course à la puissance de hachage, donc, car ici non plus, il n’y a plus de mineurs. Les quelques vérificate­urs d’une transactio­n entre deux personnes effectuent alors des tâches uniquement liées à cette transactio­n (Proof of Actual Work ou PoAW). Et ces vérificate­urs sont sélectionn­és aléatoirem­ent parmi les utilisateu­rs existants. Dans une telle évolution protocolai­re, donc, ce PoAW augmente la sécurité du transfert (car il n’est plus public) et réduit la consommati­on d’énergie de 98%.

Point à ne pas oublier de mentionner, ces nouvelles blockchain­s veulent changer le monde: elles veulent être gratuites. La scalabilit­é sera préservée. Les nouvelles blockchain­s se dresseront humblement. Ce sont les plus vieilles qui tomberont.

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