Le Temps

Le «CEO activism» mobilisé contre Donald Trump

- EMILY TURRETTINI @textually

«Sans coeur, cruel, immoral»: c'est ainsi que les trois cofondateu­rs d'Airbnb avaient qualifié, dans un communiqué, la décision du gouverneme­nt américain de séparer les parents immigrants de leurs enfants à la frontière américano-mexicaine. «Le gouverneme­nt américain doit mettre fin à cette injustice et réunir ces familles. Ces mesures ne reflètent pas les valeurs de notre pays.»

Airbnb n'est pas la seule compagnie technologi­que à s'être opposée à la politique «zéro tolérance» du départemen­t de l'immigratio­n, Google, Apple, Uber, Microsoft et Twitter ont tous publié des déclaratio­ns invoquant leur indignatio­n et Facebook a participé à une récolte de fonds – plus de 15 millions de dollars – pour financer la défense juridique des personnes en détention.

Ce n'est pas la première fois que des sociétés technologi­ques se sont opposées à l'administra­tion Trump. Elles ont protesté contre le décret interdisan­t l'entrée aux Etats-Unis des ressortiss­ants de pays à majorité musulmane. Elles se sont prononcées contre les lois antiLGBT, se sont mobilisées pour tenter de sauver l'accord de Paris sur le climat, ont encore pris position sur les droits LGBT, le racisme, le contrôle des armes à feu et l'égalité salariale. Des actions qualifiées de «CEO activism», un phénomène qui a pris de l'ampleur depuis que Donald Trump est président. Sans se préoccuper des répercussi­ons sur leurs affaires, les dirigeants se sont engagés dans des débats sociaux, politiques et environnem­entaux. Leurs employés, les millenials, avec eux.

Dans une lettre ouverte adressée à leur PDG, plus de 100 salariés de Microsoft ont demandé mardi dernier à l'entreprise de cesser de travailler avec le départemen­t de l'Immigratio­n. Tout en qualifiant la séparation des familles d'«inhumaine», ils ont ajouté qu'«en tant que créateurs des logiciels dont Microsoft tire profit», ils refusaient «d'être complices»: «Il est de notre devoir de nous assurer que les solutions puissantes que nous développon­s soient utilisées pour le bien et non pour le mal.»

Ce ne sera peut-être pas nécessaire. Face aux déluges de critiques et le tollé universel suscité par ces mesures, Donald Trump a finalement capitulé. Mercredi dernier, il a mis fin à cette pratique par un décret: les familles seront détenues ensemble. Mais «les bassesses de Trump toucheront-elles un jour le fond?» s'était demandé USA Today en 2017. Elle reste d'actualité.

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