Une petite partie de roulette russe
J'y vais ou pas? C'est LA question qui a taraudé les coureurs de trail ces jours de météo instable et souvent orageuse. Je me la suis posée encore récemment, après avoir vu pour la énième fois sur mon smartphone l'icône d'un éclair menaçant virtuellement la région d'Annecy, où je pensais aller faire un tour à la tombée de la nuit. J'ai hésité. D'un côté, la perspective de faire une belle sortie. De l'autre, une vision de moi recroquevillé quelque part en montagne avec l'enfer qui se déchaîne autour de moi. Le «non» l'a finalement emporté.
Bien m'en a pris, car quelques heures plus tard, un violent orage s'est abattu sur l'Arc lémanique, avec tonnerre, éclairs et pluie diluvienne. Pour cette fois, j'étais bien content de pouvoir contempler le spectacle depuis ma fenêtre plutôt qu'en direct de Dieu sait quelle crête exposée.
Mais je me suis dit aussi que ça commençait à bien faire. J'ai passé des jours l'oeil rivé aux applications météo suisses et françaises que je consulte habituellement. Hélas, d'un côté comme de l'autre de la frontière, les devins du temps prédisaient la même chose: des orages, des orages et encore des orages. Du coup, il a fallu se contenter de petites sorties de 10 kilomètres par-ci, 20 kilomètres par-là, faute de mieux météorologique.
Immobilité forcée
En l'espace de dix jours, j'ai ainsi remis à plus tard une montée à la Dent de Jaman depuis Montreux, une autre au Grammont – un sommet que j'affectionne tout particulièrement –, sans oublier celle de la Tournette, au-dessus d'Annecy, que j'espérais faire. […] Cette immobilité forcée aura eu au moins un mérite: celui de me permettre de réviser mes fondamentaux sur le bon comportement à adopter en cas d'orage, en consultant plusieurs sites spécialisés, dont celui de Suisse Rando.
Je vous passe les conseils du genre «ne vous aventurez pas en montagne si des orages sont annoncés». Le pire survient parfois, et il faut alors y faire face. Pour vous livrer le résumé du résumé, en espérant que vous n'ayez jamais à passer de la théorie à la pratique (je me dis la même chose!). Imaginons donc que vous soyez surpris par un grain inattendu dans un endroit exposé, sans échappatoire possible. Jetez au loin vos bâtons de marche, de même que toute pièce d'équipement contenant des parties métalliques, comme une gourde. Puis asseyez-vous sur votre sac, si vous en avez un bien sûr, et tenez-vous accroupi ainsi, les bras entourant vos genoux serrés, de manière à ce que votre contact avec le sol soit réduit au minimum.
Il ne reste alors plus qu'à attendre que ça passe. Plus facile à dire qu'à faire, c'est sûr. Plutôt que de jouer à la roulette russe, le mieux est encore de ronger un peu son frein. Sur nos smartphones, l'icône soleil finira toujours par revenir.n