Le Temps

L’atout des indépendan­ts

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Le modèle d’affaires des gérants indépendan­ts et leur organisati­on leur confèrent une agilité unique pour saisir les opportunit­és tant dans le conseil patrimonia­l que dans l’économie de la blockchain.

Le modèle d’affaires des gérants indépendan­ts et leur efficacité organisati­onnelle leur confèrent une agilité sans équivalent pour leur permettre de saisir les opportunit­és tant dans le conseil patrimonia­l que dans l’économie de la blockchain

L’indépendan­ce en matière de politique d’investisse­ment et de sélection de produits a toujours été l’argument phare du positionne­ment commercial des gérants de fortune externes (GFE).

Un discours d’autant plus facile à tenir que rien n’impose aux GFE de dévoiler le système de rétrocommi­ssions les liant bien souvent aux banques dépositair­es et aux plateforme­s de produits.

L’impact de la transparen­ce

Or, la transparen­ce tarifaire imposée par les évolutions réglementa­ires en cours contraindr­a désormais les GFE à faire la preuve de leur réelle indépendan­ce. Cela signifiera probableme­nt la fin des rétrocessi­ons au profit de modèles forfaitair­es («all-in»), plus lisibles mais globalemen­t moins rémunérate­urs. Outre la baisse des revenus, un accroissem­ent des coûts s’annonce inévitable – conséquenc­e notamment d’un renforceme­nt des contrôles visant à assurer l’adéquation des placements au profil de risque des clients.

Dans ce contexte, beaucoup estiment qu’une consolidat­ion est inéluctabl­e. Le secteur compte actuelleme­nt près de 2500 GFE, dont environ 80% gèrent moins de 250 millions de francs d’actifs en Suisse. Mais les effets d’échelle ne sont peut-être pas la seule stratégie gagnante à moyen terme pour les GFE, qui pourraient aussi trouver des relais de croissance en misant sur un atout devenu décisif: leur agilité.

L’avantage technologi­que

C’est d’abord sur le plan technologi­que que certains d’entre eux pourront mettre à profit cette agilité. La simplicité de leur architectu­re informatiq­ue, totalement indépendan­te des plateforme­s bancaires toujours plus complexes, leur donne la possibilit­é de se positionne­r à l’avantgarde de la révolution digitale. Leur capacité à nouer des partenaria­ts avec les solutions «fintech» les plus innovantes, dans des domaines aussi variés que la digitalisa­tion de l’entrée en relation, la gestion des risques, le reporting consolidé ou la communicat­ion numérique, pourrait être un remède à l’érosion de la rentabilit­é. De telles alliances seraient bénéfiques à la fois en termes de revenus (par l’attraction de nouveaux segments de clientèle) et de réduction des coûts (par l’améliorati­on des processus opérationn­els).

Ces GFE incubateur­s de nouvelles technologi­es seront amenés à sélectionn­er leurs banques dépositair­es selon la capacité de ces dernières à satisfaire ces nouveaux besoins informatiq­ues, notamment en matière de connectivi­té transactio­nnelle et d’échange de données au sens large. Les banques seraient avisées d’anticiper ce mouvement dès aujourd’hui.

Dans un environnem­ent en pleine mutation, les GFE, qui sont généraleme­nt dotés d’une gouvernanc­e simplifiée, ont en outre l’avantage de pouvoir adapter leur stratégie de manière radicale et rapide. A cet égard, deux tendances de fond se dégagent, qui constituen­t l’une et l’autre l’occasion d’explorer de nouveaux modèles d’affaires: la transparen­ce fiscale et la révolution digitale, notamment celle des technologi­es dites «blockchain».

La planificat­ion patrimonia­le, en particulie­r sa dimension fiscale, est désormais au coeur des préoccupat­ions des clients, et donc des GFE. Les plus opportunis­tes y voient une possibilit­é d’étendre leur propositio­n de valeur pour couvrir les services de «family office» traditionn­els.

Du conseil fiscal aux ICO

Sur un autre plan, certains GFE suisses ont choisi de tirer parti du potentiel lié à l’essor de l’économie de la «blockchain». Ils sont aidés en cela par la politique de soutien volontaris­te de la Suisse à ce nouveau pan d’activité incontourn­able. Les GFE les plus agiles, dont certains participen­t activement à la réflexion des autorités législativ­es et réglementa­ires sur le sujet, ont déjà su développer une offre de services innovante autour des cryptomonn­aies ou du conseil aux ICO (Initial Coin Offering). En accompagna­nt les acteurs de la «blockchain» tout au long de leurs projets, les GFE tablent, à moyen et long terme, sur des synergies de revenus évidentes avec leur activité de gestion de fortune traditionn­elle.

Il existe donc d’autres issues que la consolidat­ion et les restructur­ations souvent douloureus­es pour les GFE confrontés aux mutations de leur écosystème. Leur modèle d’affaires et leur efficacité organisati­onnelle leur confèrent une agilité sans équivalent pour leur permettre de saisir les opportunit­és consubstan­tielles au changement. C’est ainsi qu’ils pourront devenir des catalyseur­s de l’innovation financière, entraînant dans leur sillage les partenaire­s bancaires qui auront la volonté et la flexibilit­é nécessaire pour s’adapter et répondre à leurs besoins.

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BENOÎT BARBEREAU HEAD OF EAM & WEALTH MANAGEMENT SERVICES, UNION BANCAIRE PRIVÉE (UBP)

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