Le Temps

Absence de solution universell­e pour la prévoyance

- CHRISTINE SCHMID RESPONSABL­E INVESTMENT SOLUTIONS MARKUS STIERLI RESPONSABL­E PENSION SOLUTIONS, CREDIT SUISSE

Le point de départ de toute planificat­ion patrimonia­le doit être l’analyse de l’état global de la fortune

Aujourd’hui, la prévoyance profession­nelle est au centre de l’attention. Selon le Baromètre des préoccupat­ions du Credit Suisse, 44% des électeurs suisses considèren­t la prévoyance vieillesse comme le principal souci; celle-ci arrive donc en tête des problèmes de société. Les causes de ces inquiétude­s sont largement connues. L’allongemen­t de l’espérance de vie et l’environnem­ent de taux bas pèsent sur le système de prévoyance suisse – une situation dont ne tiennent pas compte les taux de conversion et d’intérêt élevés. S’y rattache le constat qu’un âge de la retraite peu avancé et une rente généreuse à l’aune des critères actuels ne sont pas compatible­s à long terme.

Le risque de mauvaise surprise

Toute personne effectuant une analyse approfondi­e de sa prévoyance constate qu’une évaluation précoce des besoins personnels de demain est incontourn­able. Ceux-ci peuvent-ils être satisfaits à l’aide de la fortune existante et des futurs revenus? Même si les prestation­s du deuxième pilier diminuent? Une retraite anticipée est-elle possible? Faut-il percevoir une rente ou un capital? Très vite, une conclusion s’impose: il n’existe pas de solution universell­e pour la planificat­ion des mesures de prévoyance – le facteur déterminan­t est toujours la situation individuel­le. L’essentiel étant de se pencher en amont sur le sujet. Ceux qui repoussent cette réflexion jusqu’au départ à la retraite risquent de mauvaises surprises: en cas de lacune de prévoyance, le niveau de vie habituel ne pourra pas être maintenu.

Néanmoins, même pour des situations initiales différente­s, on peut retenir le principe suivant: le point de départ de toute planificat­ion patrimonia­le doit être l’analyse de l’état global de la fortune. Dans ce cadre, les biens immobilier­s revêtent une importance particuliè­re, car ils représente­nt en Suisse plus de 40% du patrimoine des ménages. Les parts détenues éventuelle­ment dans sa propre entreprise et les recettes en découlant doivent également être intégrées.

Les placements offrent des opportunit­és, à condition de faire correspond­re l’orientatio­n au cycle de vie

Toute évaluation du rendement et du risque doit se faire en tenant compte de cette fortune immobilièr­e et des engagement­s associés. Un bon tiers de la fortune nette est en outre lié dans la prévoyance profession­nelle. Pour les personnes actives, il convient alors d’évaluer si des achats supplément­aires doivent être effectués.

Une fois ces principaux éléments pris en compte, la question de savoir s’il faut investir des fonds libres sur le marché des capitaux se pose. Les perspectiv­es de rendement sur les comptes d’épargne et les obligation­s demeurant faibles, elles ne peuvent contribuer que partiellem­ent au revenu de vieillesse. Les placements offrent des opportunit­és, même aux retraités, à condition de faire correspond­re l’orientatio­n au cycle de vie et, par conséquent, à un profil de risque inférieur. On oublie souvent qu’une grande partie de la fortune est déjà placée par les caisses de pension pendant la vie active. Les versements en capitaux du deuxième pilier peuvent être réinvestis, par exemple dans un fonds largement diversifié respectant les directives de placement strictes de la prévoyance profession­nelle (OPP 2) en Suisse.

Le choix du partenaire idéal

Lorsque la décision de s’atteler à sa prévoyance est prise, se pose alors la question du partenaire idéal. Les banques peuvent constituer un bon choix. Tout d’abord, la planificat­ion financière et celle de la prévoyance figurent parmi leurs principale­s activités dans le domaine du private banking. Ensuite, l’explicatio­n détaillée des risques d’investisse­ment au regard de la fortune globale fait partie depuis des années de leur coeur de métier et de nouvelles conditions-cadres légales ont encore accru les exigences relatives au devoir de diligence. Un bon conseil en prévoyance commence longtemps avant l’âge de la retraite et inscrit les événements financiers futurs dans un cadre maîtrisé. C’est ainsi qu’il est possible de réaliser, sur l’ensemble du cycle de vie, un conseil intergénér­ationnel et conforme aux besoins.

Une planificat­ion intégrée de la prévoyance et du patrimoine revêt une importance grandissan­te et essentiell­e pour l’avenir de notre économie et celui des relations inter-génération­s de ses habitants. Les banques et la place financière suisse ont ainsi une responsabi­lité naturelle qu’elles sont tenues d’assumer. Parallèlem­ent, elles disposent aussi de nouvelles opportunit­és pour développer des services et des compétence­s très spécifique­s et différenci­atrices en matière de gestion globale de patrimoine.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland