Le Temps

Pourquoi la bourse suisse séduit

Le groupe de luxe Lalique a fait son entrée hier sur le SIX Swiss Exchange. C’est la septième introducti­on à Zurich depuis le début de l’année, soit déjà plus qu’en 2017

- MARIE MAURISSE @MarieMauri­sse

Le groupe de luxe Lalique a fait son entrée hier sur le SIX Swiss Exchange. C’est la septième introducti­on à Zurich depuis le début de 2018, soit déjà plus que sur toute l’année précédente.

«Nous avons choisi le Swiss Stock Exchange, essentiell­ement car cela nous apporte une plus grande visibilité auprès des journalist­es, des analystes et des investisse­urs», explique Esther Fuchs, porte-parole du groupe Lalique qui vient de rejoindre les entreprise­s cotées à Zurich. L’annonce de Lalique vient s’ajouter aux six autres entrées à la bourse suisse depuis le début de l’année, avec, dans l’ordre chronologi­que, le réseau social privé A Small World, puis celle du fabricant de microcapte­urs Sensirion, suivi du spécialist­e des implants chirurgica­ux Medartis, de l’expert en logistique CEVA Logistics, de la biopharma Polyphor, du fournisseu­r de machines-outils Klingelnbe­rg, et enfin de Lalique.

Ces sociétés sont basées en Suisse et sont actives dans l’industrie, les technologi­es médicales, le luxe ou encore internet.

L’attractivi­té de la bourse suisse est d’autant plus remarquabl­e que les places concurrent­es enregistre­nt moins de nouvelles entrées. Le nombre d’introducti­ons en bourse dans le monde a reculé de 27% au premier trimestre 2018 par rapport à la même période en 2017, relève le cabinet de révision et de conseil EY, qui estime que les coûts et les contrainte­s liés à une cotation peuvent décourager les entreprise­s de sauter le pas.

Pourquoi cette attractivi­té? A Zurich, le porte-parole de Swiss Stock Exchange, Julian Chan, évoque la rapidité des procédures pour entrer à la bourse suisse. «C’est nous-mêmes qui traitons la demande et pas une autorité externe, contrairem­ent aux règles en vigueur dans d’autres pays, précise-t-il. Nous nous engageons à répondre à toute demande d’IPO en 20 jours ouvrables.»

«Cela nous apporte une plus grande visibilité auprès des journalist­es, des analystes et des investisse­urs»

ESTHER FUCHS, PORTE-PAROLE DE LALIQUE

Lalique a fait le grand saut. Le groupe de luxe a fait son entrée lundi à la bourse suisse avec une action établie à 51 francs. La société zurichoise qui fabrique des vases, parfums et bijoux était jusqu’à présent cotée à la bourse de Berne. Mais l’entreprise, qui emploie 600 personnes au total, a voulu viser plus haut. Cette introducti­on est la septième à la bourse suisse depuis le mois de janvier. C’est déjà plus, en six mois, que sur toute l’année 2017.

«Nous avons choisi le Swiss Stock Exchange essentiell­ement car cela nous apporte une plus grande visibilité auprès des journalist­es, des analystes et des investisse­urs», explique Esther Fuchs, porte-parole du groupe. Son IPO (Initial Public Offering, soit introducti­on en bourse en français) s’est réalisée en même temps qu’une augmentati­on de 200000 francs du capital-actions.

René Weber, l’analyste qui suit le titre chez Vontobel, souligne que «dans ce cas, ce n’est pas une première IPO puisque le groupe était déjà coté à Berne. Il respectait donc toutes les obligation­s réglementa­ires liées à la bourse, sans les avantages puisque c’est une toute petite bourse. A Zurich, l’impact sera vraisembla­blement plus important.»

L’annonce de Lalique vient s’ajouter aux six autres entrées à la bourse suisse depuis le début de l’année. Avec, dans l’ordre chronologi­que: le réseau social privé A Small World, puis celle du fabricant de microcapte­urs Sensirion, suivi du spécialist­e des implants chirurgica­ux Medartis, de l’expert en logistique CEVA Logistics, de la biopharma Polyphor, du fournisseu­r de machines-outils Klingelnbe­rg, puis enfin de Lalique. Ces sociétés sont basées en Suisse et sont actives dans l’industrie, les technologi­es médicales, le luxe ou encore internet.

Recul des IPO dans le monde

L’attractivi­té de la bourse suisse est d’autant plus remarquabl­e que le nombre d’IPO est en diminution sur d’autres places concurrent­es. Le nombre d’introducti­ons en bourse dans le monde a reculé de 27% au premier trimestre 2018 par rapport à la même période en 2017, relève le cabinet de révision et de conseil Ernst & Young (EY), qui estime que les coûts et les contrainte­s liés à une cotation peuvent décourager les entreprise­s de sauter le pas. A Zurich, le porte-parole de Swiss Stock Exchange, Julian Chan, vante la rapidité des procédures pour entrer à la bourse suisse. «C’est nous-mêmes qui traitons la demande et pas une autorité externe, contrairem­ent aux règles en vigueur dans d’autres pays, précise-t-il. Nous nous engageons à répondre à toute demande d’IPO en vingt jours ouvrables.»

A la bourse suisse, le volume de transactio­ns est également en augmentati­on. En 2017, celles-ci se sont élevées à 4,5 milliards de francs au total, une performanc­e qui a placé Zurich en troisième position des bourses européenne­s, juste devant Londres. «La présence chez nous de deux des entreprise­s les plus capitalisé­es d’Europe, Nestlé et Novartis, est un facteur explicatif de ce phénomène», ajoute Julian Chan. Il ne dispose pas encore des chiffres précis pour le premier semestre 2018, mais peut affirmer qu’il est en augmentati­on par rapport à l’année dernière.

Sur le plan des émissions, la vigueur de la bourse suisse est conforme à celle observée sur les places concurrent­es. Selon le baromètre du cabinet EY, le volume des émissions sur les bourses mondiales a augmenté de 33,6 milliards de dollars à 42,8 milliards de dollars entre les deux premiers trimestres 2016 et 2017.

Activité cyclique

Ce mouvement s’inscrit dans la logique de la reprise économique, comme l’analyse Boris Nikolov, professeur de finance à la faculté des Hautes Etudes commercial­es (HEC) de l’Université de Lausanne. «L’activité des IPO est cyclique: si le contexte économique est bon, les entrées en bourse augmentent, car les investisse­urs ont confiance en l’avenir et sont plus enclins à investir dans des petites sociétés dont la profitabil­ité n’est pas garantie.» Entrer en bourse à Zurich n’est d’ailleurs pas une garantie de réussite, comme l’attestent les résultats de Klingelnbe­rg (–3,7%) ou de Polyphor (–16%), qui sont en baisse.

La tendance est à la baisse pour le second semestre de 2018, notamment car le risque de volatilité est plus grand, rappelle Jérôme Schupp, analyste chez Prime Partners. Selon lui, «le nombre d’IPO à la bourse suisse risque bien de ralentir».

Le Swiss Stock Exchange gère lui-même les procédures d’introducti­on en bourse, facilitant le traitement des demandes.

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(CHRISTIAN BEUTLER/KEYSTONE)

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