Le Temps

L’économie circulaire devient une opportunit­é d’investisse­ment

Louer plutôt qu’acheter et réparer plutôt que jeter. Une société de gestion genevoise parie sur le développem­ent de ces principes de consommati­on

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

L’économie circulaire, c’est Philips qui loue de la lumière plutôt que de vendre ses ampoules. C’est Rolls-Royce qui loue de la puissance plutôt que de vendre des moteurs d’avions. Dans ces deux exemples réels, le producteur devient un fournisseu­r de service, en échange d’un abonnement. Il a donc tout intérêt à ce que ses produits soient fiables et performant­s: moins il aura à les réparer et plus il gagnera de l’argent.

Contrairem­ent à la logique de l’économie linéaire – produire, consommer, jeter, remplacer –, un acteur de l’économie circulaire n’est pas non plus encouragé à produire et à vendre un maximum d’unités. Des financiers genevois viennent de décliner cette nouvelle approche de consommati­on en opportunit­é d’investisse­ment.

Minimiser l’utilisatio­n de matières premières

L’économie circulaire vise aussi à «minimiser l’utilisatio­n de matières premières, à imaginer des produits qui pourront être facilement démontés et réparés, bref, à faire en sorte que la matière soit transformé­e dans une succession de boucles, pratiqueme­nt sans limites», explique Clément Maclou, responsabl­e des investisse­ments liés aux nouveaux modes de consommati­on chez Decalia, à Genève.

Le gérant, un ancien de la filiale d’Amundi CPR, relève que la transition vers l’économie circulaire sera soutenue par la volonté de la Commission européenne d’investir 5,5 milliards d’euros dans la gestion des déchets à travers ses fonds structurel­s et d’investisse­ment.

Dans cette nouvelle stratégie thématique, la société de gestion genevoise (3,2 milliards d’actifs) utilise le même processus que celui qui sous-tend ses fonds sur le vieillisse­ment de la population et sur l’émergence des millennial­s, ces jeunes adultes nés autour du changement de siècle.

Dans la pratique, l’univers d’investisse­ment de l’économie circulaire comprend les secteurs de la nutrition (pour éviter le gaspillage), de la santé (favoriser la prévention) ou encore des industries innovantes (matériaux intelligen­ts), l’économie du partage et, bien sûr, l’environnem­ent (eau, déchets, énergie renouvelab­le). Le fonds actions mondiales choisira parmi 550 valeurs dont un tiers d’américaine­s, un tiers d’européenne­s et 15% de japonaises notamment.

La sélection des entreprise­s repose sur deux critères, reprend Clément Maclou: «Dans une société ayant plusieurs divisions, celle qui est active dans l’économie circulaire doit représente­r au moins 20 à 25% du chiffre d’affaires total et doit être en phase de croissance, afin d’exercer une influence sur le reste de l’entreprise.» Et si ce pourcentag­e n’est pas disponible, «alors nous effectuons un travail d’analyse financière, en contactant les sociétés pour évaluer la part de produits qui sont remis en vente, réparés, etc.», poursuit le spécialist­e.

En Suisse, des valeurs comme Gurit (matériaux intelligen­ts), Tecan (prévention et diagnostic médical) ou Aventron (énergies renouvelab­les) sont susceptibl­es d’être intégrées dans le portefeuil­le. L’équipe de gestion utilise aussi des données extra-financière­s fournies par MSCI. Le fonds sur l’économie circulaire devrait être labellisé «durable» dans le courant de l’été, assurent également ses animateurs.

L’univers d’investisse­ment de l’économie circulaire comprend la nutrition, la santé, les industries innovantes, l’économie du partage et l’environnem­ent

 ?? (MINT IMAGES/GETTY IMAGES) ?? Dans une économie circulaire, un producteur – qui loue ses produits plutôt que de les vendre – a intérêt à ce qu’ils soient fiables et performant­s: moins il aura à les réparer et plus il gagnera de l’argent.
(MINT IMAGES/GETTY IMAGES) Dans une économie circulaire, un producteur – qui loue ses produits plutôt que de les vendre – a intérêt à ce qu’ils soient fiables et performant­s: moins il aura à les réparer et plus il gagnera de l’argent.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland