Hommage à Jean-Samuel Grand
Le décès de l’éditeur Jean-Samuel Grand prive la Suisse romande d’un homme au vaste rayonnement spirituel. Fils de pasteur doté d’une foi intense, il choisit le métier de typographe. Diplôme en poche, il travaille chez Roth et Sauter, puis monte en 1968 avec son frère Etienne, graphiste, un atelier d’abord modeste, mais qui va connaître un rapide développement grâce aux talents des deux hommes et au soutien de leurs proches. En 1974, ils fondent au Montsur-Lausanne l’entreprise actuelle, pourvue de plusieurs collaborateurs d’un niveau professionnel élevé et de machines modernes. Dirigé par les deux frères, l’Atelier Grand acquiert vite une réputation excellente et attire des clients exigeants, qui tiennent à une impression élégante et à un graphisme de haute qualité.
Bientôt, on ne se contente plus d’imprimer, mais on décide de publier dans le domaine de la spiritualité. Jean-Samuel Grand fonde une maison d’édition baptisée Ouverture, un terme qui exprime sa volonté d’oecuménisme. On y publie depuis vingt-six ans une revue trimestrielle, Itinéraires, dont chaque numéro est consacré à un thème particulier traité par plusieurs auteurs: des théologiens, des pasteurs, des prêtres, des moines, des professeurs, des laïcs. Ces auteurs s’expriment presque toujours de façon aisément accessible à un large public. Ainsi, chacun des quatre numéros annuels apporte aux abonnés et à d’autres lecteurs une nourriture spirituelle riche, variée et illustrée avec goût. En outre, les Editions Ouverture publient bon an mal an plusieurs livres d’auteurs qui y expriment leur foi sous diverses formes, dans une grande liberté, en accord avec la ligne claire définie par Jean-Samuel Grand.
L’homme, charismatique, frappait dès la première rencontre par sa barbe de prophète, son accueil chaleureux, son sourire malicieux, des traits d’humour et des citations tirées d’une mémoire encyclopédique. C’était un bonheur, pour un auteur, de lancer un projet de livre avec lui, de recevoir ses remarques au fil des chapitres et surtout d’en arriver au moment de la réalisation, où son sens des titres et des images animait l’ouvrage, souvent dans le format très petit qu’il avait mis au point pour fournir aux lecteurs un bel objet, facile à emporter dans une poche.
Son décès prématuré laisse un très grand vide, mais ses fidèles ne doutent pas que sa foi oecuménique continuera d’inspirer ceux qui s’efforceront de continuer son oeuvre et qui travaillent à une restructuration.