Le Temps

Raphaël Comte renonce aux Etats

POLITIQUE Partisan d’un engagement politique à durée limitée, le PLR ne se représente­ra pas à la Chambre des cantons, qu’il a présidée en 2016. Mais il n’exclut pas de futurs mandats exécutifs

- EMILIE VEILLON t @EmilieVeil­lon

Raphaël Comte renonce à briguer un nouveau mandat au Conseil des Etats en 2019. Annoncée vendredi à l’assemblée générale de la section neuchâtelo­ise du PLR, sa décision et les raisons qu’il invoque vont dans le sens de la droiture politique dont il a fait preuve à travers ses différents mandats. Convaincu que le renouvelle­ment est important, l’élu qui avait repris en janvier 2010 le siège laissé vacant par Didier Burkhalter prend le risque de se mettre en retrait de la scène politique, sans pour autant évoquer la fin de sa carrière.

«Je considère que personne n’est indispensa­ble au sein du parlement. Nous avons des institutio­ns qui fonctionne­nt bien, notamment parce que le pouvoir est bien réparti», expliquait par téléphone dimanche le conseiller de 38 ans qui se trouve être le doyen de fonction des 13 parlementa­ires PLR à la Chambre des cantons qu’il a présidée en 2016.

«Je ne fais que mettre en applicatio­n mon principe qui veut qu’on ne s’accroche pas à un siège indéfinime­nt, poursuit Raphaël Comte. J’aurai effectué trois législatur­es au niveau communal, deux au niveau cantonal et deux et demie au niveau fédéral.»

Le conseiller aux Etats est en effet partisan d’une limitation de mandats sur trois législatur­es: selon lui, douze ans au niveau fédéral devrait être fixé comme un maximum, avec des possibilit­és de dérogation­s, comme cela se fait dans certains partis politiques où les élus désirant continuer doivent demander une dérogation en général soumise à un vote à majorité qualifiée d’une assemblée générale.

Gros dossiers en cours bientôt mis sous toit

«Certains ont obtenu une dérogation, comme Pierre-Yves Maillard dans le canton de Vaud. A Neuchâtel, le Parti socialiste a aussi fixé des règles. Le canton du Jura est l’un des rares à avoir une limitation du nombre des mandats. C’est une discussion en cours depuis plusieurs années à Neuchâtel dans la réforme des institutio­ns. Je suis convaincu que la respiratio­n démocratiq­ue passe par le renouvelle­ment des personnali­tés, que cela soit au niveau des parlements ou des gouverneme­nts», poursuit Raphaël Comte qui n’exclut pas de se présenter un jour à une autre fonction, au Conseil d’Etat neuchâtelo­is par exemple.

Son retrait est d’autant plus serein que les gros dossiers en cours, notamment les causes qu’il défend comme la parité politique, seront en principe mis sous toit cette année encore. «La loi sur l’égalité hommes-femmes est maintenant au Conseil national. Le droit de la société anonyme arrive au Conseil des Etats à la prochaine session. Les investisse­ments routiers et ferroviair­es neuchâtelo­is seront bouclés d’ici à la fin de la législatur­e. J’ai le sentiment que la conjonctur­e politique et l’avancement des dossiers font que c’est le bon moment pour mettre fin à mes fonctions et passer le témoin.»

Politicien atypique jusqu’au bout, le sénateur libéral-radical de Corcelles-Cormondrèc­he qui avait pris l’habitude d’être toujours le plus jeune là où il était élu – au Grand Conseil neuchâtelo­is, à la tête du PLR cantonal, puis à la présidence de la Chambre des cantons – sera aussi l’un des premiers à quitter la coupole fédérale si tôt.

«Pas en situation de stress absolu»

La norme veut que les membres y entrent plus tard et mettent fin à leur carrière politique au moment de la retraite. Lui qui a une nouvelle vie profession­nelle à inventer se donne un an et demi pour réfléchir et ne se sent «pas encore en situation de stress absolu». En fonction de ses centres d’intérêt, de ses compétence­s et de sa formation en droit, il verra ce qui peut se profiler. Son engagement pour le pays prendra d’autres formes, peut-être au niveau associatif. «Quand on n’est plus en fonction, on est assez vite oublié, conclut-il. Loin des médias, loin du coeur. Pour autant, je n’exclus pas de revenir un jour sur la scène politique. Mais ce sera à nouveau avec l’idée de ne pas faire de mandat fleuve. Je privilégie­rai toujours l’intensité à la durée.»

«La respiratio­n démocratiq­ue passe par le renouvelle­ment des personnali­tés»

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RAPHAËL COMTE CONSEILLER AUX ÉTATS

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