Le Temps

Pour l’équipe de Suisse, c’est aujourd’hui ou jamais. Analyse

En franchissa­nt le cap des huitièmes de finale contre la Suède, les hommes de Petkovic peuvent conclure un beau chapitre de l’histoire du football national. Il n’y aura pas d’autre occasion pour ce groupe façonné par des années de travail minutieux

- LIONEL PITTET, SAINT-PÉTERSBOUR­G @lionel_pittet

Voici l'équipe de Suisse de football arrivée aux portes de l'exploit. Elle affronte ce mardi à Saint-Pétersbour­g la Suède en huitièmes de finale de la Coupe du monde, et elle doit gagner. Pas pour faire plaisir à ses supporters, pas pour faire la nique aux journalist­es pisse-froid, pas même pour écrire l'histoire, puisque c'est la mission que s'est donnée cette génération. Non, elle doit gagner simplement parce que c'est l'heure.

Cela fait maintenant des mois, des années même, que toute une série d'indicateur­s claironnen­t ses progrès. Ses statistiqu­es collective­s. Les pedigrees de ses titulaires. Leur discours. Il est temps de passer de la théorie à la pratique. Cette évolution doit se concrétise­r en un résultat significat­if pour devenir tangible. Mardi, l'équipe de Suisse doit gagner parce que l'occasion est belle et que l'avenir n'en amènera plus de pareilles.

Grâce à deux matchs nuls, l'un prestigieu­x contre le Brésil (1-1), l'autre minimal contre le Costa Rica (2-2), et à une victoire mémorable contre la Serbie (2-1), la Nati s'est hissée au niveau de son plafond de verre. Depuis qu'elle a pris l'habitude de ne rater un grand tournoi que très épisodique­ment (le seul Euro 2012 depuis 2002), elle a trébuché trois fois, dont deux lors de Coupes du monde, au stade des huitièmes de finale. Contre l'Ukraine aux tirs au but en 2006. Contre l'Argentine sur une réussite tardive aux allures de coup du sort en 2014. Et contre la Pologne, encore aux tirs au but, lors de l'Euro 2016. Il s'en est à chaque fois fallu d'un rien. Mais elle a à chaque fois perdu.

Dynamique différente

Quand un même scénario se reproduit encore et encore, il faut être obtus pour n'y voir que le fruit du hasard. L'équipe de Suisse est depuis longtemps une bonne équipe, mais il lui a toujours manqué quelque chose pour briller lors des matchs à éliminatio­n directe.

Or il y a aujourd'hui de multiples raisons pour qu'il en aille autrement en Russie. La série de 25 matchs émaillée d'une seule défaite depuis l'été 2016. L'arrivée à pleine maturité d'une génération dorée millésimes 1991 et 1992 (Shaqiri, Xhaka, Rodriguez). L'éclosion de la suivante, tout aussi prometteus­e (Embolo, Zakaria, Akanji). L'aboutissem­ent du processus d'exil des meilleurs footballeu­rs suisses dans les plus grands championna­ts, avec le transfert la semaine dernière de Michael Lang (seul représenta­nt de la Super League au sein de la Nati) du FC Bâle au Borussia Mönchengla­dbach. Et, last but not least, l'assimilati­on complète du système de jeu que Vladimir Petkovic et son staff prônent depuis leur entrée en fonction en septembre 2014.

Identité de jeu affirmée

Cela a pris du temps. Il a fallu essuyer les plâtres, et des critiques. Mais aujourd'hui, l'équipe de Suisse est l'une des formations à l'identité de jeu la plus affirmée de la Coupe du monde. Pendant que le Brésil balbutie par moments son football créatif, pendant que l'Argentine peine à satisfaire proprement ses ambitions de contrôle du jeu, pendant que Didier Deschamps construit match après match une équipe de France à géométrie variable en fonction de l'adversaire, la Nati s'en tient à une feuille de route peaufinée depuis bientôt quatre ans.

Elle évolue dans un système en 4-2-3-1 qui mute, dès la récupérati­on du ballon, en un 3-4-3, avec un demi récupérate­ur (souvent Valon Behrami) qui recule entre les deux arrières centraux, et des latéraux qui se projettent haut vers l'avant. Autour du chef d'orchestre Granit Xhaka,

L’équipe de Suisse doit battre la Suède. Exploser son plafond de verre, et aller explorer d’autres horizons

 ?? (RICARDO MORAES/REUTERS) ?? Dans le stade de Kaliningra­d, les supporters suisses lors du match contre la Serbie. Une victoire qui a galvanisé le camp helvétique.
(RICARDO MORAES/REUTERS) Dans le stade de Kaliningra­d, les supporters suisses lors du match contre la Serbie. Une victoire qui a galvanisé le camp helvétique.

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