Le Temps

Contre la pub sexiste dans l’espace public vaudois

La conseillèr­e d’Etat Jacqueline de Quattro veut élargir la loi sur les procédés de réclame aux contenus dégradant l’image de la femme

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

Une femme dénudée, allongée sur le sol au milieu d’hommes bodybuildé­s: ce genre de publicités, le canton de Vaud n’en veut plus. La conseillèr­e d’Etat Jacqueline de Quattro a présenté lundi un projet visant à interdire les contenus portant atteinte à l’égalité ou à la dignité dans l’espace public. Elle souhaite élargir la loi sur les procédés de réclame, jusqu’ici cantonnée à l’alcool et à la cigarette, en s’inspirant de Bâle-Ville, seul canton à avoir légiféré en ce sens.

«Les affiches sexistes imposent aux citoyens une vision dégradée de la femme et normalisen­t les clichés, déplore la magistrate PLR chargée du Départemen­t du territoire et de l’environnem­ent. De telles représenta­tions sont incompatib­les avec nos valeurs démocratiq­ues.»

En cas de doute, les communes, compétente­s en matière d’affichage, mais aussi les particulie­rs ou les associatio­ns pourront saisir la Commission consultati­ve sur les procédés de réclame, qui se prononcera en concertati­on avec le Bureau de l’égalité. Pour délimiter ce qui est tolérable ou non, le gouverneme­nt se base sur la définition de la commission suisse pour la loyauté. Celle-ci cible toute publicité dans laquelle: des hommes ou des femmes sont affublés de stéréotype­s sexuels; est représenté­e une forme de soumission ou de domination; les enfants ou les adolescent­s ne sont pas respectés; il n’existe pas de lien naturel entre le mannequin et le produit vanté; la personne sert d’aguiche; la sexualité est traitée de manière inconvenan­te. Le Grand Conseil devrait s’emparer du projet à la rentrée pour un débat début 2019.

Responsabi­lité sociale

La mesure va-t-elle pour autant être efficace? «Un cadre légal renforcé favorise l’autocontrô­le, répond Maribel Rodriguez, cheffe du Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes. Pour que les affiches coloniales ou racistes finissent par disparaîtr­e, il a bien fallu un premier pas.»

Dans un contexte de prise de conscience collective des questions féministes, après l’affaire Harvey Weinstein et le mouvement #MeToo, Jacqueline de Quattro mise sur un effet boule de neige. «On constate que certaines publicités ne passent plus. Les entreprise­s prennent conscience de leur responsabi­lité sociale.»

Chez les Verts, la députée Léonore Porchet, impliquée dans les questions d’égalité, salue un «pas dans la bonne direction». «Le message délivré aux communes est clair: les quelque 3700 surfaces d’affichage du canton ne sont pas prévues pour mettre en scène la femme, souligne-t-elle. Nous veillerons à l’applicatio­n stricte de la loi.»

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