Le Temps

L’économie veut clarifier les relations avec Bruxelles

A la veille d’une importante séance du Conseil fédéral, les milieux économique­s publient un sondage plutôt favorable à la conclusion d’un accord-cadre avec l’Union européenne. Mais il reste des points à éclaircir

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

A la veille de décisions attendues du Conseil fédéral sur les relations entre la Suisse et l’Union européenne (UE), les milieux économique­s lui rappellent qu’ils ne détestent rien autant que l’incertitud­e. Economiesu­isse et l’Alliance EP (Economie-Politique, une initiative privée indépendan­te qui s’engage pour des conditions-cadres optimales) ont commandé un sondage à l’institut gfs.bern. Réalisée auprès de 975 dirigeants d’entreprise­s de plus de vingt employés, cette enquête rendue publique lundi montre qu’ils sont 74% à juger «absolument cruciale» la sécurité du droit dans les relations entre leur pays et cet immense marché qu’est l’UE. L’économie attend donc du gouverneme­nt qu’il clarifie sa position lors de sa séance de mercredi.

Selon ce sondage, 73% des chefs d’entreprise­s consultés considèren­t que les accords bilatéraux apportent des avantages à la Suisse. Ils sont 58% – plutôt exportateu­rs – à dire que ces accords sont importants pour leur propre société, contre 40% – plutôt tournés vers le marché intérieur – qui pensent qu’ils ne le sont pas. Quarante-cinq pour cent se satisfont des traités existants alors que 39% sont favorables à leur extension à de nouveaux domaines, comme le marché de l’électricit­é ou les services financiers.

Accord-cadre accepté à 80%

Interrogés sur le projet d’accord-cadre institutio­nnel, ils sont 80% à se prononcer tout à fait ou plutôt en sa faveur. Mais le soutien est moins fort lorsque l’on aborde la question du règlement des différends tel qu’il a été exigé par l’UE: il descend à 60%. «C’est tout de même un signal positif. Personne ne connaît encore les détails de l’accord. Je suis convaincue que le soutien augmentera lorsqu’ils seront connus», commente la directrice d’Economiesu­isse, Monika Rühl. L’étude montre aussi que 71% des membres des directions des entreprise­s sondés estiment que les milieux économique­s devraient s’engager davantage dans les campagnes de votation à venir.

A commencer par celle, en novembre, sur l’initiative populaire de l’UDC pour l’autodéterm­ination. Or ils ne sont que 53% à dire qu’ils vont la rejeter. «Nous devrons encore expliquer à nos membres qu’il ne s’agit pas que d’une question de primauté de la Constituti­on fédérale sur le droit internatio­nal, mais aussi leur montrer que des accords économique­s sont concernés», relève Monika Rühl. Une éventuelle intégratio­n de la Suisse dans l’Espace économique européen (EEE), refusée en 1992, obtient les faveurs de 44% des personnes interrogée­s. Quant à l’adhésion à l’UE, c’est non à 81%.

Aucune question de l’enquête d’opinion ne portait sur les mesures d’accompagne­ment, très discutées depuis qu’Ignazio Cassis a suggéré de lâcher du lest sur ce point. La ligne rouge est-elle encore rouge et, si oui, est-elle rouge foncé ou tire-telle vers le rose? Monika Rühl attend du Conseil fédéral qu’il lance publiqueme­nt le débat sur ce point et pousse l’UE à «dire concrèteme­nt ce qu’elle veut pour que nous puissions nous positionne­r». «Je comprends la colère que certains propos ont déclenchée dans les syndicats. J’espère que ceux-ci resteront ouverts à la discussion», déclare-t-elle.

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