Le Temps

Vie privée: géants de la tech à nouveau éclaboussé­s

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

En l’espace de quelques jours, Google, Samsung et Facebook ont été pointés du doigt pour des pratiques et des bugs portant atteinte à la vie privée de leurs utilisateu­rs

Dans le sillage du scandale lié à Cambridge Analytica, qui éclatait mi-mars, les affaires touchant les géants de la technologi­e se multiplien­t cette semaine. Sans faire autant de vagues que les révélation­s qui avaient contraint Mark Zuckerberg a présenter des excuses publiques, ces affaires ont obligé, en l’espace de quelques heures, Google, Samsung et… le réseau social à s’expliquer, voire à demander pardon à leurs clients.

Google, épargné ces derniers mois par des affaires liées à la vie privée, s’est retrouvé sous les feux des projecteur­s en ce début de semaine. Dans un long article, le Wall Street Journal révélait un «dirty secret» («vilain secret») lundi en expliquant comment des ingénieurs externes à Google parviennen­t à lire les e-mails de milliers d’utilisateu­rs de Gmail. Le service gratuit de messagerie, qui compte plus d’un milliard de clients, était jusqu’à l’année passée scanné par des robots pour y afficher des publicités. Google avait mis fin à cette pratique pour «rassurer» les internaute­s. Mais tout en laissant des humains lire les messages.

Détection de factures par des humains

Ces humains, ce sont des développeu­rs qui créent des services additionne­ls autour de Gmail. Il peut s’agir de systèmes d’aide à la rédaction ou de tri des messages, par exemple. Des centaines d’éditeurs tiers ont ainsi accès aux boîtes de réception d’utilisateu­rs de Gmail pour développer leurs services. Ainsi, l’entreprise californie­nne Earny scanne les factures se trouvant dans les messagerie­s de ses clients pour détecter s’il aurait pu acheter le même produit moins cher, et lui assurer le remboursem­ent de la différence. La start-up va même plus loin, puisqu’elle revend les informatio­ns détectées dans les e-mails à la société de marketing Return Path. Au total, des employés de dizaines de partenaire­s ont lu plusieurs milliers de messages.

Cette enquête a poussé Google à s’expliquer via l’un de ses blogs officiels. «Personne chez Google ne lit vos e-mails, sauf dans des cas très précis», affirme la multinatio­nale. Celle-ci précise que les utilisateu­rs peuvent régler euxmêmes leurs paramètres de confidenti­alité, tout en expliquant qu’elle trie sur le volet les développeu­rs qui ont accès aux messages. C’est aussi, ensuite, à l’utilisateu­r de vérifier quel éditeur de logiciel peut lire ses courriels. Mais sans possibilit­é de savoir si c’est un humain ou une machine.

Envoi de photos privées

En parallèle, Samsung et Facebook ont reçu des plaintes de leurs clients pour ne pas les avoir suffisamme­nt protégés. Le fabricant sud-coréen de smartphone­s a reçu plusieurs plaintes de clients américains dont des photos avaient été envoyées à leur insu. Plusieurs utilisateu­rs ont constaté que l’applicatio­n Samsung Messages expédiait automatiqu­ement leurs dernières photos à certains de leurs contacts. Le bug, qui affecte les modèles Galaxy S9, S9+ et Galaxy Note 8, n’a pour l’heure pas été résolu.

De son côté, Facebook a dû s’excuser à deux reprises ces derniers jours pour des bugs touchant à la sphère privée de ses utilisateu­rs. Lundi, le réseau social a expliqué que 800 000 personnes bloquées par leurs contacts ont pu entrer en relation avec eux du 19 mai au 5 juin dernier. Et le 7 juin dernier, 14 millions d’utilisateu­rs de Facebook avaient publié, à la vue de tous, leurs messages, alors même qu’ils voulaient en garder certains privés.

Pour Mark Zuckerberg, les ennuis ne sont pas terminés. Mardi, il apprenait qu’aux EtatsUnis le FBI, le gendarme boursier (SEC) et le régulateur de la concurrenc­e (FTC) avaient ouvert des enquêtes liées à Cambridge Analytica.

C’est à l’usager de vérifier quelle société peut lire ses courriels. Mais sans savoir si ce sera par un humain ou une machine

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