Un Vénusien conique qui fait régner la terreur
Présenté comme le roi de la série B, Roger Corman a réalisé une cinquantaine de films. It Conquered the
World (1956) jouit d’un statut privilégié, Frank Zappa le citant comme modèle de camelote cinématographique en introduction de Cheepnis, un morceau qui fait l’éloge des scénarios débiles et des effets spéciaux ringards.
Dans un centre de recherches spatiales de 5 m2, trois scientifiques tournent les molettes en bakélite de gros caissons en fonte. Ils sont soucieux: un satellite a disparu, dérobé par l’intelligence extraterrestre «qui nous épie constamment». Le Dr Paul Nelson (Peter Graves, le Jim Phelps de Mission
impossible, 20 ans après) se rend chez le Dr Tom Anderson (Lee Van Cleef, la Brute dans Le Bon, la brute et le truand).
Dans un renfoncement du mur, celuici a installé un poste à galène galactique. Il communique avec une entité «superintelligente». Il parle en anglais, elle parle en thérémine, mais ils sont sur la même longueur d’onde.
D’une soucoupe volante sort un Vénusien dont on ne voit que le sommet: on dirait un presse-citron avec deux cornes. Il éjacule des gamètes volants évoquant des avions en papier qu’on aurait faits en pliant une crêpe. Ces volatiles hideux plantent dans la nuque des humains une petite antenne qui les change en jouets téléguidés. Tous les moteurs américains étant tombés HS, c’est à vélo que Nelson s’élance à la reconquête de la planète: «Je ne peux pas rester là alors que le monde entier se défait. Je reviendrai dès que je peux», dit-il à sa femme.
Dans la grotte où il se tapit, on voit enfin en pied le nouveau maître de la Terre. Frank Zappa le décrit comme «un cône de glace renversé avec des crocs tout autour de la base». Il omet le regard dément, les pinces de homard, les canines de sanglier… Fusil-mitrailleur et bazooka sont sans effet sur lui. En s’alliant à l’alien, Anderson est devenu le «plus grand traître de l’histoire de l’humanité». Il se rachète en dessoudant l’Envahisseur au fer à souder: il fond comme une plaque de chocolat, ce qui est étonnant pour le natif d’une planète dont la température de surface avoisine les 450 degrés!