Le Temps

JACK WHITE, LA DÉMONSTRAT­ION AVANT L’ÉMOTION

- STÉPHANE GOBBO @StephGobbo

En 2008, il était là avec The Raconteurs. Deux ans plus tard, il est revenu avec The Dead Weathers. Et cette année, c’est en solo que Jack White se produisait mardi soir au Montreux Jazz Festival, dans un Auditorium Stravinski frigorifiq­ue où il était aisé de circuler. L’Américain aura donc défendu sur la Riviera lémanique ses différents projets nés après la fin de The White Stripes, le duo qu’il avait formé en 1997 avec Meg White, alors son épouse.

Avant d’entrer dans la salle, cet avertissem­ent: «A la demande de Jack White, aucune photo ni vidéo n’est autorisée dans l’Auditorium Stravinski ce soir. Merci pour votre compréhens­ion.» On comprend, même si on préfère les artistes qui ont choisi de jouer avec leur public, leur demandant de brandir leur téléphone pour tel tube afin d’ensuite mieux les enjoindre à le laisser au fond de leurs poches. Mais on se dit que dès lors, seule compte la musique, et que c’est une bonne chose. Si ce n’est que la musique, mardi soir, fut passableme­nt ennuyeuse. A l’image du troisième album de Jack White, Boarding House Reach, un disque boursouflé et surproduit, multiplian­t les effets, loin de la sécheresse qui a fait la gloire des White Stripes.

Notes superflues

Au Strav’, Jack White est épaulé par quatre musiciens, dont deux claviers. C’est surprenant, et le résultat confirme nos craintes: deux claviers, ça fait beaucoup pour un bluesrock âpre qui se retrouve ainsi noyé sous des couches de notes superflues. Dès l’entrée en matière, avec un Over and Over and Over teigneux, on est plus terrassé que véritablem­ent happé.

Le premier album solo du natif de Detroit, Blunderbus­s (2012), séduisait à coups de riffs évidents, d’emprunts tant au rock’n’roll qu’à la country. Les quelques morceaux tirés de cet enregistre­ment furent parmi les seuls à tenir la route. Car pour le reste, qu’il reprenne des titres des White Stripes, des Raconteurs ou des Dead Weathers, Jack White en fait trop, en rajoute inutilemen­t, multiplie les soli assommants, trafique sa voix. Il est dans la démonstrat­ion, jamais dans l’émotion.

S’il est agréable de pouvoir assister à un concert sans l’habituelle forêt d’écrans lumineux poussant au-dessus des têtes, encore faudrait-il que ce qui est montré sur scène soit convaincan­t.

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