Une déambulation animée dans l’esprit des lieux
Le Schmurtz, annonçait la manifestation lausannoise, est un «merveilleux truc animé». Rencontre avec La Ménagerie, une association toulousaine dont le but est de faire découvrir au public l’animation image par image
Il est 17h30, un étrange dispositif vient d’être mis en place sur le pont Bessières. Une charrette ambulante transportant un ordinateur, un écran, un appareil photo, et poussée par deux jeunes femmes, avance lentement. Les passants s’arrêtent, s’interrogent. «Nous réalisons un court-métrage d’animation en image par image. Vous êtes conviés à y participer!» leur lance Joanna Jéquier, régisseuse.
Cinquante mètres plus loin, Marc Ménager s’impatiente presque. Le réalisateur devient figurant pour cette première séquence filmée à l’aide d’un travelling. En plein soleil, il tient la pose, journal bien droit entre les mains. Ici, le traditionnel «action» des studios de réalisation est remplacé par un «photo prise», scandé par Estelle Journoud, l’opératrice.
Réinvention permanente
Entre chaque prise de vue, Claire Ledru s’affaire autour de Marc, le protégeant du soleil et de la chaleur. Une heure et une centaine de photos plus tard, les deux acolytes sont libérés: la première séquence est terminée. «On passe à la suite!»
«Le Schmurtz est un dispositif de tournage mobile et participatif qui se réinvente toujours. On établit un plan de départ et d’arrivée, mais on adapte le cartoon à l’environnement et au public», indique le réalisateur. Pour le Festival de la Cité, le court-métrage tourné porte sur le thème de la musique. Chorale de journaux animés, orchestre composé d’instruments cartonnés, objets qui se substituent les uns aux autres seront décomposés en slow motion durant toute la semaine.
Marionnettes vivantes
Aujourd’hui, Léo, un festivalier, se prête facilement au jeu en s’improvisant contrebassiste. «Les plans sont rythmés par des accessoires, les participants deviennent des marionnettes que j’anime», explique Marc Ménager. Léo enchaîne les poses, sous le regard amusé de ses amis, mais ne rechigne pas et semble même prendre du plaisir. «C’est une démarche très rigolote. L’équipe est un peu folle, ce qui rend la chose encore plus appréciable.»
Comme ce trentenaire, la plupart des participants se sont retrouvés sur la route du Schmurtz par hasard. «Ça anime un peu plus le festival et colle parfaitement à cet événement qui favorise la déambulation», commente Julie, également réquisitionnée comme figurante.
A 21h30, autre décor, autre ambiance. Le Schmurtz prend ses quartiers sur la place Saint-Maur, un endroit intimiste, pour des séquences plus figées mais tout aussi drôles. Les spectateurs ont pris place sur les gradins, sans vraiment savoir à quoi s’attendre. «Je n’imaginais pas le travail nécessaire à la fabrication d’une animation. Je suis surprise de voir le résultat», se réjouit Marie. C’est aussi cela, l’objectif de l’association toulousaine La Ménagerie: sortir des studios et investir la rue afin d’éduquer le public à l’animation.
Des curieux de tout âge viennent admirer le travail. Le retour vidéo quasiment instantané permet alors de comprendre l’enjeu. Si certains restent ébahis devant le résultat, d’autres sont plus sceptiques. «C’était sympa de se faire crier dessus par un inconnu parce que je tenais mal mon journal», ironise Joseph, qui s’empresse de rejoindre son groupe de copains.
Patience et volontarisme sont la clé pour apprécier l’expérience. Les mises en scène s’enchaînent, les minutes passent et le public ne cesse de se renouveler. Car finalement, la déambulation demeure l’essence du Schmurtz, mais aussi celle du Festival de la Cité. ■
Le Schmurtz par La Ménagerie au Festival de La Cité: jeudi 12 juillet (déambulation dès 17h30, sur la place Saint-Maur à 21h30), vendredi 13 (déambulation dès 18h, sur la place Saint-Maur à 22h), samedi 14 (déambulation dès 17h, sur la place Saint-Maur à 21h30), dimanche 15 (déambulation dès 16h, sur la place Saint-Maur à 19h30).