«Aider la presse n’est pas une chose aisée»
La capitale vaudoise vient de conclure un partenariat avec le tout-ménage «Lausanne Cités». Questions au syndic Grégoire Junod sur sa politique de communication et de soutien aux médias
Dès la fin de septembre, Lausanne insérera tous les quinze jours dans l’hebdomadaire gratuit quatre pages d’informations communales. Cela correspondant à un engagement de 170 000 francs par an. S’agit-il d’aide à la presse ou d’une politique de communication municipale? Ces deux préoccupations sont parallèles. Le coeur du projet, c’est vrai, est de recréer un instrument de communication sur papier avec notre public. Nous avions envisagé de ressusciter le journal communal, supprimé en 2003 pour des raisons d’économies, mais l’idée du partenariat s’est imposée. C’est la moins coûteuse tout en nous permettant de toucher le plus large public.
«Lausanne Cités» n’est pas forcément le titre qui a le plus besoin de soutien… C’est, après 20 minutes, le plus lu dans le district de Lausanne et il participe de plein droit à la diversité médiatique de la région. C’est surtout le seul gratuit distribué à tous les ménages. Berne et Zurich ont fait un choix semblable. Notre projet s’est accéléré au moment où le groupe Tamedia a vendu ses parts dans Lausanne Cités et Genève Home Informations [celles-ci ont été rachetées par l’autre propriétaire, Jean-Marie Fleury, qui a fait usage de son droit de préemption et empêché la reprise de ces titres par Zeitungshaus SA, que contrôle Christoph Blocher, ndlr].
La trop faible couverture de l’information officielle par la presse est un sujet de plainte récurrent des autorités. Estimez-vous que les citoyens sont privés d’éléments importants? Non. Même si la presse est moins fournie, l’actualité politique me semble bien couverte. Nous cherchons un débouché pour des informations pratiques sur les décisions municipales et la vie en ville. Nos pages ne seront pas le lieu du débat politique, sur le deal de rue par exemple, et vous n’y trouverez pas d’interviews des conseillers municipaux !
La presse reproche aux pouvoirs publics de ne plus publier leurs annonces et offres d’emploi dans les journaux mais sur les sites spécialisés. Est-ce aussi la pratique de la ville de Lausanne? La ville a aussi réduit son volume d’annonces ces dernières années, mais la décision annoncée cette semaine marque justement une inversion de tendance. Nous demandons au Conseil communal un crédit supplémentaire de 70000 francs pour placer des annonces dans les titres payants couvrant l’actualité lausannoise, notamment 24 heures, La Liberté, Le Courrier et Le Temps. Cela s’ajoute aux 200000 francs que nous dépensons déjà aujourd’hui.
Beaucoup de politiciens souhaitent soutenir la presse. Quelle est selon vous la bonne formule? Aider la presse n’est pas chose aisée! Acheter des annonces est sans doute la solution la plus simple aujourd’hui pour apporter un soutien à l’échelle d’une ville. Il est difficilement concevable d’aider des titres en difficulté alors que les groupes qui les possèdent sont largement bénéficiaires. Une reprise publique de l’ATS aurait été intéressante, pour offrir une prestation de qualité et avantageuse à tous les médias. Malheureusement, ni ses propriétaires ni la Confédération n’ont voulu de ce schéma, tout comme les éditeurs refusent de céder à d’éventuels repreneurs les titres qu’ils abandonnent, comme L’Hebdo ou Le Matin.
Vous évoquez des initiatives que Lausanne pourrait soutenir, en collaboration avec d’autres collectivités. C’est-à-dire? Nous sommes ouverts à des mécanismes d’aide différents, si des initiatives sont prises sur le plan cantonal ou intercantonal. Par exemple pour proposer des abonnements de presse à prix réduit aux jeunes ou aux collaborateurs du secteur public, ou pour signer avec des médias des contrats de prestations pour la couverture de l’actualité locale. Nous ne fermons aucune porte.
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SYNDIC DE LAUSANNE