Le nouveau ministre turc des Finances veut rassurer
Le nouveau ministre turc des Finances et gendre du président Erdogan a tenté jeudi de rassurer des marchés désarçonnés par sa nomination
«Il est inacceptable que l’indépendance et les mécanismes décisionnels de la banque centrale deviennent l’objet de spéculations», a déclaré jeudi Berat Albayrak, le nouveau ministre turc des Finances, cité par l’agence de presse étatique Anadolu, promettant que celle-ci deviendrait «plus efficace que jamais».
Ces déclarations qui se veulent apaisantes surviennent alors que la nomination lundi au portefeuille clé des Finances de Berat Albayrak, époux de la fille aînée de Recep Tayyip Erdogan, a accéléré la chute de la livre turque, symptôme de la préoccupation des marchés.
Inquiétude quant à l’indépendance de la banque centrale
L’un de leurs principaux sujets d’inquiétude est l’indépendance de la banque centrale turque, que le président turc ne cesse d’exhorter à baisser ses taux en dépit d’une inflation en forte hausse.
L’inflation a atteint 15,39% en juin sur un an, un record depuis 2003, et les économistes soutiennent qu’il faudrait relever les taux directeurs pour la juguler.
Mais, cité par la presse turque mercredi, Recep Tayyip Erdogan a maintenu qu’il y aurait «une baisse des taux d’intérêt», estimant que des taux élevés pourraient nuire à l’emploi.
Ces déclarations ont provoqué une nouvelle chute de la livre turque qui a perdu près de 5% de sa valeur mercredi, s’échangeant à près de 5 TRY contre un dollar. Depuis le début de l’année, la devise turque a perdu près de 30% de sa valeur.
Mardi, le président turc s’est octroyé par décret la prérogative de nommer le chef de la banque centrale, signalant ainsi sa volonté d’avoir les mains sur les leviers économiques.
Risque de surchauffe
Mais les experts mettent en garde depuis plusieurs mois contre un risque de surchauffe de l’économie turque, avec une inflation à deux chiffres et un large déficit des comptes courants en dépit d’une solide croissance.
La volatilité de la livre a en outre alourdi le fardeau des entreprises dont la dette est libellée en devises étrangères, poussant de nombreux groupes à engager des négociations difficiles avec leurs créanciers.
Les analystes ont d’ores et déjà les yeux rivés sur la date du 24 juillet, à laquelle la banque centrale doit se réunir pour décider de modifier ou maintenir tels quels ses taux directeurs.
Si la banque centrale décide d’abaisser ses taux, comme M. Erdogan l’y encourage, «alors la chute de la livre turque [mercredi] n’aura probablement été qu’un pâle aperçu de ce qui l’attend le 24 juillet», prévient la Commerzbank dans une note jeudi.
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