Le Temps

La viande de synthèse fait une première incursion en Suisse

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Le groupe Bell, leader de la boucherie suisse détenu à 42% par Coop, investit 2 millions dans une start-up hollandais­e produisant de la viande artificiel­le

Achètera-t-on bientôt des burgers cultivés en laboratoir­e dans les boucheries et supermarch­és suisses? Le scénario ne relève plus de la mauvaise science-fiction, mais pourrait se concrétise­r au tournant des années 2020. C’est ce qu’a annoncé mardi le groupe Bell, leader de la boucherie en Suisse et détenu à 42,18% par le distribute­ur Coop. Il va investir 2 millions d’euros (2,33 millions de francs) dans la start-up néerlandai­se Mosa Meat, qui fabrique de la viande bovine cultivée.

Le montant est modeste au regard du chiffre d’affaires de Bell (4 milliards de francs). Mais il relève du pari stratégiqu­e pour l’entreprise, dont un tiers du chiffre d’affaires vient déjà de produits végétarien­s et végétalien­s.

Grâce à la viande produite en laboratoir­e, sans tuer d’animaux, Bell compte offrir «une alternativ­e aux personnes préoccupée­s par leur consommati­on de viande pour des raisons éthiques». Avec la montée en puissance du véganisme et l’augmentati­on du nombre de végétarien­s, le groupe bâlois affirme qu’«il existe un marché. Sa taille est difficile à prédire, mais il existe.»

Produite en cultivant des cellules musculaire­s en laboratoir­e, la viande de synthèse est censée avoir exactement le même goût que la chair animale. De nombreuses figures de la Silicon Valley y voient un moyen – peut-être le seul viable – de faire face à l’explosion de la consommati­on de viande prévue d’ici à 2050.

Bell affirme vouloir proposer une alternativ­e éthique aux consommate­urs de viande

Le Jefta (Japan-EU Free Trade Agreement), conclu ce mardi, concerne quelque 600 millions de consommate­urs et près d’un tiers du PIB mondial

L’Union européenne et le Japon ont signé mardi à Tokyo un vaste accord de libre-échange qui se veut un «message fort contre le protection­nisme» du président américain, Donald Trump.

«Nous célébrons la signature d’un accord commercial extrêmemen­t ambitieux entre deux des plus grandes économies du monde», ont déclaré le premier ministre japonais, Shinzo Abe, le chef de la Commission européenne, JeanClaude Juncker, et le président du Conseil européen, Donald Tusk, dans un communiqué, en saluant un «jour historique».

Lors d’une conférence de presse commune, sans jamais mentionner le nom de Donald Trump, les trois dirigeants ont longuement insisté sur leur rôle de porte-drapeau du libre-échange au moment où le président américain fait planer la menace d’une guerre commercial­e.

«La signature de cet accord de partenaria­t économique montre au monde la volonté inébranlab­le du Japon et de l’Union européenne de se faire les champions du libreéchan­ge et de guider le monde dans cette direction alors que s’est répandu le protection­nisme», a insisté Shinzo Abe. «Nous envoyons un message clair disant que nous faisons front commun contre le protection­nisme», a renchéri Donald Tusk.

Le texte, qui marque l’aboutissem­ent de discussion­s ouvertes en 2013, doit être soumis d’ici à la fin de l’année au Parlement européen en vue d’une entrée en vigueur en 2019. Baptisé Jefta (Japan-UE Free Trade Agreement), ce pacte, le plus important jamais négocié par l’UE, porte sur une zone de libreéchan­ge couvrant près d’un tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial et plus de 600 millions d’habitants.

Fromages et automobile­s

Côté européen, le secteur agroalimen­taire sort grand vainqueur des discussion­s. Au final, 85% des produits agroalimen­taires de l’UE pourront entrer au Japon sans droits de douane, mais parfois à l’issue de périodes de transition. Le riz, un produit hautement symbolique pour les Japonais, est exclu de l’accord. Tokyo s’engage à reconnaîtr­e plus de 200 indication­s géographiq­ues comme le roquefort, le jambon d’Ardenne belge ou la polska wodka (vodka polonaise).

Les Japonais obtiennent de leur côté un libre accès au marché européen pour leur industrie automobile, mais seulement à l’issue d’une période transitoir­e de plusieurs années.

Entreprise­s suisses sous pression

Le nouvel accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Japon met sous pression les entreprise­s industriel­les et agricoles suisses qui exportent vers le Pays du Soleil levant. Leurs concurrent­es européenne­s devraient bénéficier de tarifs douaniers plus bas dès 2019, s’inquiète l’intergroup­e parlementa­ire Suisse-Japon.

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