Le Temps

Mais encore…

- Par Emmanuel Grandjean

Le portrait d’un surfeur amoureux de la vague, un retour sur l’été 68, un objet de vacances, le sudoku et les mots fléchés.

Alors oui, il existe une sociologie de la musique en plein air. Car depuis que le monde est monde, l’humain aime accompagne­r le délicat concert de la nature avec du bruit. Longtemps il s’agissait de jouer des airs champêtres sans faire fuir les oiseaux. Schubert magnifiait la truite et Haendel imitait le cri du coucou et celui du rossignol.

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, changement d’ambiance. L’invention du transistor ouvre la voie à la miniaturis­ation de ces appareils que l’on appellera désormais électroniq­ues. La radio portative va ainsi bouleverse­r toute une écologie qui bourdonnai­t tranquille­ment. La jeunesse qui se sent libre trimballe partout la petite boîte à musique qui balance à plein volume le Rock Around The

Clock de Bill Haley.

Les plages des années 60 deviennent des open air dont les playlists restent viscéralem­ent attachées aux programmes des chaînes de radio. Le cassettoph­one va libérer le son en permettant aux mélomanes de partager avec la communauté leurs choix musicaux. Les années 1980 seront les années du gigantisme. Né dans la rue, le ghetto-blaster va symboliser la culture hip-hop. Le combi radiocasse­tte est tellement énorme qu’il se porte sur l’épaule, laissant à son propriétai­re l’impression d’avoir enfilé les braies d’Obélix livrant ses menhirs.

Les années 2000 seront celles du «riquiquism­e», la technologi­e sans fil rétrécissa­nt les ambitions des haut-parleurs nomades. Elle va aussi donner aux designers l’envie d’allier la forme et le son. Yves Béhar avec sa Jambox, Mathieu Lehanneur avec Boom Boom, haut-parleur icosaèdre à l’acoustique en trois dimensions, ou encore Ross Lovegrove et son Muo vont ainsi mettre du style dans les pique-niques soniques. ▅

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