Mais encore…
Le portrait d’un surfeur amoureux de la vague, un retour sur l’été 68, un objet de vacances, le sudoku et les mots fléchés.
Alors oui, il existe une sociologie de la musique en plein air. Car depuis que le monde est monde, l’humain aime accompagner le délicat concert de la nature avec du bruit. Longtemps il s’agissait de jouer des airs champêtres sans faire fuir les oiseaux. Schubert magnifiait la truite et Haendel imitait le cri du coucou et celui du rossignol.
A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, changement d’ambiance. L’invention du transistor ouvre la voie à la miniaturisation de ces appareils que l’on appellera désormais électroniques. La radio portative va ainsi bouleverser toute une écologie qui bourdonnait tranquillement. La jeunesse qui se sent libre trimballe partout la petite boîte à musique qui balance à plein volume le Rock Around The
Clock de Bill Haley.
Les plages des années 60 deviennent des open air dont les playlists restent viscéralement attachées aux programmes des chaînes de radio. Le cassettophone va libérer le son en permettant aux mélomanes de partager avec la communauté leurs choix musicaux. Les années 1980 seront les années du gigantisme. Né dans la rue, le ghetto-blaster va symboliser la culture hip-hop. Le combi radiocassette est tellement énorme qu’il se porte sur l’épaule, laissant à son propriétaire l’impression d’avoir enfilé les braies d’Obélix livrant ses menhirs.
Les années 2000 seront celles du «riquiquisme», la technologie sans fil rétrécissant les ambitions des haut-parleurs nomades. Elle va aussi donner aux designers l’envie d’allier la forme et le son. Yves Béhar avec sa Jambox, Mathieu Lehanneur avec Boom Boom, haut-parleur icosaèdre à l’acoustique en trois dimensions, ou encore Ross Lovegrove et son Muo vont ainsi mettre du style dans les pique-niques soniques. ▅