Le Temps

Van de Velde, pour l’éternité

- P. C.

Impossible de voir le British Open revenir à Carnoustie sans mentionner Jean Van de Velde. Juillet 1999: le jeune joueur français s’est qualifié pour le tournoi la semaine précédente et il joue le feu. Il possède cinq coups d’avance au départ du dernier tour, puis encore deux alors qu’il s’apprête à jouer le dernier trou. Il égare son drive sur la droite, mais les nouvelles sont bonnes: sa balle a évité le Barry Burn (le ruisseau qui serpente autour du 18) par miracle, et son avance est montée à trois coups à la suite du bogey de Justin Leonard dans la partie juste devant lui. Il décide d’attaquer le green avec son fer 2, et c’est là que tout bascule: sa balle tape une toute petite tige en tubulaire de la tribune de droite et repart inexplicab­lement arrière toute, pour ensuite rebondir sur un muret de 20 centimètre­s de large et filer dans les hautes herbes 30 mètres derrière.

Peut-être le pire coup de malchance de l’histoire du golf, et une situation injouable: il envoie alors sa balle dans l’eau devant le green, descend pieds nus dans le ruisseau pour essayer de la jouer malgré tout, y renonce, puis trouve un bunker et rentre un putt de 3 mètres pour arracher le play-off. Une prolongati­on fatale qui verra le couronneme­nt de l’Irlandais Paul Lawrie. Un finish jamais vu en golf, qui alimente toujours les débats dix-neuf ans plus tard. Preuve de l’impact d’une telle mésaventur­e, cette confidence faite par Colin McLeod, le manager du club que nous avions croisé il y a quelques années: «J’ai rencontré des Américains à Orlando, et quand je leur ai dit que je travaillai­s à Carnoustie, l’un d’eux m’a juré: «Van de Velde en 1999, c’est comme pour la mort de Kennedy en 1963: je me souviens exactement où j’étais et ce que je faisais.»

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