Willy Spühler, contre le racisme en Afrique du Sud
A demi-mot, le socialiste zurichois, alors président de la Confédération, se positionne en juillet 1968 vis-à-vis du régime dʼapartheid
WillySpühlerétait socialiste. Et il l'était vraiment: dans la tradition de ces hommes décidés à lutter pour que la prospérité soit bien commune, qu'elle englobe, le plus possible, les catégories sociales les plus vulnérables», diront de lui le Journal de Genève et la Gazette de Lausanne à sa mort, en 1990. Un «humaniste seigneurial», et ça tombe bien puisqu'il endosse pour la deuxième fois les habits de président de la Confédération en 1968. A cette occasion, il prononce un discours très remarqué dans les Grisons, dont rend compte le Journal du 18 juillet.
On est à Arosa, devant la Schweizerische Staatsbürgerliche Gesellschaft, une société alémanique «qui n'a pas son pendant en pays romand», agissant pour la promotion de l'éducation civique. Ce jour-là, le conseiller fédé- ral zurichois, chef des affaires étrangères, parle de «la Suisse dans un monde en mutation». Dans le contexte historique de deux «supergrands», d'une Chine qui s'éveille et d'«une Europe encore divisée», il «offre à ses auditeurs l'image d'une Suisse neutre, mais solidaire, prête à apporter sa pierre à l'édifice européen, active dans maintes organisations internationales, hésitant encore toutefois à franchir le pas décisif pour devenir membre des Nations unies».
Mandela en prison
Georges Perrin, le correspondant à Berne du quotidien genevois qui était alors sur place, revient sur ce discours, ou plutôt ce «séminaire d'éducation civique» apparemment convenu, quatre jours plus tard dans son éditorial du 22 juillet 1968. Il évoque un passage en particulier, où le président de la Confédération avait traité d'un poncif récurrent en Helvétie. Son propos? «La politique de neutralité, parce qu'elle est une politique, est l'affaire de l'Etat et non de