Le Temps

Willy Spühler, contre le racisme en Afrique du Sud

A demi-mot, le socialiste zurichois, alors président de la Confédérat­ion, se positionne en juillet 1968 vis-à-vis du régime dʼaparthei­d

- OLIVIER PERRIN @olivierper­rin

WillySpühl­erétait socialiste. Et il l'était vraiment: dans la tradition de ces hommes décidés à lutter pour que la prospérité soit bien commune, qu'elle englobe, le plus possible, les catégories sociales les plus vulnérable­s», diront de lui le Journal de Genève et la Gazette de Lausanne à sa mort, en 1990. Un «humaniste seigneuria­l», et ça tombe bien puisqu'il endosse pour la deuxième fois les habits de président de la Confédérat­ion en 1968. A cette occasion, il prononce un discours très remarqué dans les Grisons, dont rend compte le Journal du 18 juillet.

On est à Arosa, devant la Schweizeri­sche Staatsbürg­erliche Gesellscha­ft, une société alémanique «qui n'a pas son pendant en pays romand», agissant pour la promotion de l'éducation civique. Ce jour-là, le conseiller fédé- ral zurichois, chef des affaires étrangères, parle de «la Suisse dans un monde en mutation». Dans le contexte historique de deux «supergrand­s», d'une Chine qui s'éveille et d'«une Europe encore divisée», il «offre à ses auditeurs l'image d'une Suisse neutre, mais solidaire, prête à apporter sa pierre à l'édifice européen, active dans maintes organisati­ons internatio­nales, hésitant encore toutefois à franchir le pas décisif pour devenir membre des Nations unies».

Mandela en prison

Georges Perrin, le correspond­ant à Berne du quotidien genevois qui était alors sur place, revient sur ce discours, ou plutôt ce «séminaire d'éducation civique» apparemmen­t convenu, quatre jours plus tard dans son éditorial du 22 juillet 1968. Il évoque un passage en particulie­r, où le président de la Confédérat­ion avait traité d'un poncif récurrent en Helvétie. Son propos? «La politique de neutralité, parce qu'elle est une politique, est l'affaire de l'Etat et non de

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