Mais encore…
La chronique de Servan Peca, l’utopie zurichoise de Bruno Weber, le nanar de la semaine, etc.
Il va falloir s’y faire. La France est re-championne du monde. Vingt ans plus tard, «on en reprend pour vingt ans», ai-je pu entendre dès dimanche soir. Pour ce dernier match en Russie, j’ai suivi la finale dans une fan-zone de la région. Avec une idée: vivre le triomphe français entouré de Suisses romands.
Première information: personne ne veut être un proche témoin de la célébration des Bleus. «On va ailleurs.
De ce côté-ci, c’est les Français», crie une adolescente à son groupe de copines. Sur cette esplanade, il y a deux camps. Face à l’écran géant, la France est… à droite. A gauche, il y a la Croatie, la Suisse. Et le reste du monde.
Deuxième constat: il ne faut pas plus de cinq minutes pour dégotter un anti-Français de base. Depuis le 14 juin, il a supporté (dans l’ordre) l’Australie, le Pérou, le Danemark, l’Argentine, l’Uruguay, la Belgique et la Croatie.
Avant et après cette finale, tout a été dit et redit sur le rapport entre Romands et Français. Discrétion et complexe d’infériorité d’un côté, chauvinisme et arrogance de l’autre (pour faire court). Mais pour être franc, j’ai été le témoin de deux postures, dimanche soir.
En face de ceux qui détestent les Français par principe, il y a ceux qui sont bien obligés de reconnaître leur supériorité – on parle toujours de football. Dans la fan-zone, on leur trouve même des qualités. Les jeunes Romands aiment surtout Mbappé. Il est frais, sympathique, talentueux, spectaculaire et efficace. Chez les filles, on préfère Antoine Griezmann, lui aussi un joueur décisif mais qui, en plus, a la particularité d’être chou.
Entre ces deux camps, il y a moi. Je vais tester la stratégie animalière de la thanatose. Pour se défendre face à un prédateur, faire le mort, raidir son corps, ne plus bouger, fermer les yeux, les oreilles et attendre en se répétant: ça va bien se passer, ça va bien finir par passer.