Le Temps

Alexandre Benalla, l’Elysée version violence

- RICHARD WERLY, PARIS @LTwerly

Ce collaborat­eur d’Emmanuel Macron, chargé de la sécurité, avait frappé des manifestan­ts lors du défilé du 1er Mai. Son passé fait polémique

Violence sur personne, port illégal d’un brassard de la police, antécédent­s problémati­ques dans le secteur de la sécurité privée: en quelques heures, après les révélation­s du journal Le Monde, les informatio­ns sur l’un des membres de l’équipe élyséenne sont devenues très embarrassa­ntes pour Emmanuel Macron.

Le chef de l’Etat français est désormais sommé de s’expliquer sur le comporteme­nt d’un de ses collaborat­eurs chargé de sa sécurité, Alexandre Benalla, filmé en flagrant délit de tabassage et de rudoiement d’un manifestan­t en marge de la marche de protestati­on du 1er Mai dernier à Paris.

Goût des méthodes musclées

Ancien vacataire au service d’ordre du Parti socialiste, brièvement employé comme chauffeur par l’ancien ministre PS du Redresseme­nt productif Arnaud Montebourg (remplacé en août 2014 par Emmanuel Macron au sein du gouverneme­nt), ce collaborat­eur connu pour son goût des méthodes musclées a été filmé, casque de policier sur la tête, à proximité de la gare parisienne d’Austerlitz, là où des casseurs avaient, lors du défilé de la Fête du travail, saccagé plusieurs devantures. En plein conflit social à la SNCF, les syndicats avaient alors été débordés par ces violences, attribuées à la mouvance anarchiste des «black blocs».

Les dérapages d’Alexandre Benalla lors du défilé du 1er Mai – qu’il prétendait suivre comme «observateu­r» – étaient visiblemen­t connus de l’Elysée. Affecté après l’élection présidenti­elle de mai 2017 aux déplacemen­ts du président, sécurisés par les policiers du Service de protection des hautes personnali­tés, l’intéressé avait depuis quelques semaines était muté à l’organisati­on des événements publics organisés dans le périmètre du palais. C’est à ce titre qu’il était semble-t-il présent dans le bus de l’équipe de France de football, lors de sa descente des Champs-Elysées lundi. Alexandre Benalla avait gagné la confiance d’Emmanuel Macron en lui servant de garde du corps durant la campagne. Les témoignage­s recueillis par les médias français le décrivent comme un homme proche des forces de l’ordre, ancien auditeur de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice, une émanation du Ministère de l’intérieur.

Enquête ouverte

Rien, pour l’heure, ne démontre qu’Alexandre Benalla était sur les lieux de la manifestat­ion en service commandé. Mais alors qu’Emmanuel Macron a reçu, mardi, l’ensemble des syndicats pour renouer le dialogue après la promulgati­on de la loi réformant la SNCF, son comporteme­nt nourrit la polémique sur un chef de l’Etat bien peu social.

L’inspection générale de la police nationale s’est saisie du dossier et une enquête a été ouverte.

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