POP ET GORILLAZ PRIT D’ASSAUT LE PALÉO
Ceux qui avaient vu Gorillaz en novembre à l’Arena de Genève savaient que le show du groupe piloté par Damon Albarn serait parfaitement soluble dans l’esprit d’un open air, où une partie du public vient en curieux, où passé les premiers rangs l’ambiance est parfois molle. De fait, avec ses 13 musiciens et choristes et son écran géant diffusant les animations du dessinateur Jamie Hewlett (Gorillaz était à l’origine un projet virtuel, ses quatre membres des cartoons), ce concert programmé mercredi soir à minuit – et qui a dépassé de dix minutes l’horaire imparti, bonne surprise – a parfaitement tenu sa promesse, celle de faire doucement bouger le public en défendant une idée de la musique comme grand chaudron dans lequel toutes les influences se mélangent.
Damon Albarn vient de la pop. Dès le premier single enregistré avec Blur en 1990 (She’s So High), il s’imposait comme un songwriter plus doué que la moyenne. L’album Leisure montrait l’année suivante à quel point son approche dépassait déjà le cadre de l’héritage légué par les Kinks ou les Beatles. Le Londonien a toujours eu l’envie d’embrasser dans un même élan les musiques africaines et jamaïcaines, le hip-hop et la soul, l’électro et le funk.
Maîtrise sans prétention
Dans la nuit nyonnaise, le jeune quincagénaire s’est montré fidèle à son énergie nonchalante. Passé l’introductif M1 A1 et son invitation à rejoindre la fête («Hello, is anyone there?»), Tranz puis Last Living Souls posent alors les bases d’un concert qui impressionne tant par sa maîtrise que par son absence de prétention. Les moments de bravoure ne manquent pas (On Melancholy Hill, El Mañana, Kids With Guns, Clint Eastwood), notamment lorsque les invités défilent: Peven Everett, Jamie Principle, Little Simz pour un Garage Palace d’une incroyable force de frappe et De La Soul pour Superfast Jellyfish et le tube Feel Good Inc. Cinq ans après un mémorable concert de Blur, les retrouvailles d’Albarn avec le Paléo furent belles.
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