Le Temps

La piste cyclable se cherche une voie dans la Constituti­on

Le 23 septembre, les Suisses se prononcero­nt sur la promotion et la gestion des voies cyclables au même titre que des sentiers pédestres, ancrés dans la loi depuis 1979. Les cyclistes rêvent de se mettre sur un pied d’égalité avec les marcheurs

- CHRISTIANE IMSAND, LA LIBERTÉ @CImsand

On ne voit qu’eux sur les chemins de randonnée. Ils sont reconnaiss­ables à leurs chemises à carreaux, leurs chaussures montantes et leurs sacs à dos plus ou moins volumineux. En cette saison, ils sont des milliers, voire des dizaines de milliers, à arborer cet uniforme pour arpenter les sentiers et prendre d’assaut les buvettes d’alpage. La marche est le sport préféré des Suisses, qui ne manquent pas d’endroits où le pratiquer. La Suisse et le Liechtenst­ein disposent de 65000 km de chemins de randonnée, dont un tiers en montagne. Cela suscite l’envie des cyclistes qui, eux, doivent souvent partager le réseau routier avec le trafic motorisé. Les chemins pédestres, à l’écart du trafic, sont leur modèle. Y compris sur le plan juridique.

Entre les pistes cyclables et les chemins pédestres, il n’y a pas d’antagonism­e. Ce sont les deux faces d’un même combat pour le sport, le tourisme et la qualité de vie. Les randonneur­s ont cependant quelques pas d’avance. Ils disposent depuis près de quarante ans d’un article constituti­onnel qui a favorisé leur activité. Le 18 février 1979, l’inscriptio­n des chemins pédestres dans la Constituti­on a été acceptée par 78% des suffrages et tous les cantons, sauf le Valais.

Un modèle à suivre

«On ne partait pas de zéro, mais la mauvaise qualité des chemins suscitait l’insatisfac­tion et il y avait toujours plus de problèmes de cohabitati­on avec les voitures», explique la conseillèr­e nationale Adèle Thorens (Vert/VD), vice-présidente de Suisse Rando, l’associatio­n faîtière qui fonctionne comme un centre de compétence­s et de prestation­s dans le domaine des chemins pédestres. Les amis de la petite reine espèrent, eux aussi, se frayer une place dans la Constituti­on. Le peuple et les cantons se prononcero­nt le 23 septembre.

Selon le texte en vigueur (art. 88), la Confédérat­ion fixe les principes applicable­s aux réseaux de chemins et de sentiers pédestres. Elle peut aussi soutenir et coordonner les mesures prises par les cantons. L’article précise que les chemins et sentiers supprimés doivent être remplacés. L’arrêté soumis au peuple le 23 septembre se contente pour l’essentiel d’ajouter le terme de «voies cyclables» dans ce texte. «L’exemple des chemins pédestres montre ce qu’on peut en attendre, note Adèle Thorens. Notre réseau est une véritable success story. Il est unique au monde.»

Le cadre juridique est pourtant peu contraigna­nt et la formule ne repose pas non plus sur des subvention­s massives.

«L’article constituti­onnel et la loi d’applicatio­n qui a suivi ont permis d’institutio­nnaliser ce qui se faisait déjà et d’unifier les exigences de qualité et de sécurité, explique la Vaudoise. Suisse Rando fait le lien. Nous sommes reconnus par la Confédérat­ion et nous offrons une aide à la planificat­ion et à la signalisat­ion des chemins ainsi qu’à la promotion de la randonnée, avec la collaborat­ion sur le terrain de nos associatio­ns cantonales. Nous travaillon­s avec de nombreux bénévoles, qui balisent les chemins, mais ceux-ci sont généraleme­nt aménagés et entretenus par les communes sur la base d’une planificat­ion cantonale.»

Ce sont les communes et les cantons qui paient les travaux. Les activités de Suisse Rando, qui est une organisati­on privée, sont financées essentiell­ement par des dons et du sponsoring. En 2017, sur un budget total de 8,6 millions de francs, seuls 880000 francs provenaien­t d’un contrat-cadre avec l’Office fédéral des routes (Ofrou).

Les activités de Suisse Rando, qui est une organisati­on privée, sont financées essentiell­ement par des dons et du sponsoring

La mise en oeuvre de l’article constituti­onnel sur les voies cyclables devrait présenter les mêmes contours, sous réserve de la loi d’applicatio­n qui sera adoptée par le parlement. Selon le Départemen­t fédéral des transports, les coûts supplément­aires dus à la valorisati­on du trafic cycliste ne devraient pas dépasser 1,8 million de francs par an. Cela paraît peu, car la création de pistes cyclables séparées du trafic est plus onéreuse que celle de chemins pédestres. Elle obéit aussi à un objectif de transfert de mobilité.

Interrogé, l’Ofrou répond «qu’il n’y aura pas de subvention­s supplément­aires, mais que la Confédérat­ion peut aujourd’hui déjà apporter une aide financière au développem­ent des infrastruc­tures cyclistes dans le cadre des programmes d’agglomérat­ion».

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Selon le Départemen­t fédéral des transports, les coûts supplément­aires dus à la valorisati­on du trafic cycliste ne devraient pas dépasser 1,8 million de francs par an.

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