Relâchés dans la nature
Plus que quelques semaines. Le 20 août prochain, Athènes sera officiellement autorisé à retourner sur les marchés pour financer son budget. Cette date marquera symboliquement la fin de la crise grecque qui a secoué la zone euro durant dix ans.
C’est en 2008, dans la foulée des subprimes, qu’une poignée d’Etats européens en grande difficulté héritent de l’acronyme stigmatisant de «PIIGS» – porcs, en anglais. Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne. Un club de mauvais élèves pointés du doigt pour la mauvaise gestion de leurs finances publiques. Cinq pays que la crise financière a mis à nu.
Les marchés découvrent l’ampleur de leurs déséquilibres budgétaires et leur retirent leur confiance. On doit s’y habituer: prêter à un Etat, aussi européen et développé soit-il, n’est pas sans risque. Un pays peut faire défaut et ne plus être en mesure de rembourser ses dettes. Conséquence, les taux d’intérêt auxquels les investisseurs étaient disposés à leur prêter de l’argent s’envolent. Un cercle vicieux, pour des pays déjà au bord de la rupture.
La communauté internationale a dû intervenir. Il a fallu des plans de sauvetage bancaires, des restructurations de dettes, des politiques de rigueur imposées et des injections massives de liquidités pour les aider à remonter la pente. Mais le destin commun de ces cinq pays voile de multiples réalités. Cette semaine, en commençant par le Portugal, Le Temps raconte ces histoires particulières. Des gens, des travailleurs et des entrepreneurs ont su résister et s’accrocher. Après avoir été forcés à plus d’efficacité et de productivité, ils ont modernisé leurs connaissances, modifié leur stratégie ou changé de spécialisation.
C’est un sentiment de renouveau qui règne désormais dans ces pays. Mais le retour de l’espoir, des commandes et de la croissance ne suffit pas. Les problèmes de chômage, d’emplois précaires et, plus généralement, de finances publiques sont loin d’être résolus.
Reste que dix ans plus tard, ces pays ne sont plus sous perfusion ni sous tutelle. Les «PIIGS» sont relâchés dans la nature. A eux de démontrer qu’ils sont capables de se débarrasser d’une étiquette peu flatteuse qui n’a contribué qu’à les enfoncer un peu plus. Et de prouver au reste de l’Europe que les différences entre Etats membres peuvent aussi se manifester dans la réussite.
Sur le chemin du renouveau, les «PIIGS» ont tout à prouver