Le Temps

UN APÉRO, VITE!

Un verre de Negroni, et Venise s’offre à vous

- TEXTE: ÉDOUARD AMOIEL t @EAmoiel ILLUSTRATI­ON: GET IT STUDIO @get_it_studio

Rien ne vaut la caresse d’un Bellini pour terminer une fin d’après-midi paresseuse occupée à regarder les passants sur la place Saint-Marc. Mais si vous voulez du plus corsé, essayer le Negroni, diabolique mélange couleur écarlate. A la fois puissant et rafraîchis­sant, il incarne le cocktail idéal pour soulager une étouffante nuit d’été, une symphonie douce-amère composée de 3 cl à parts égales de gin, de Campari et de vermouth rouge.

Pour découvrir les origines de cette boisson culte en Italie, revenons au début du XXe siècle, à Florence. En 1919, la Première Guerre mondiale a rebrassé les cartes politiques des empires européens. Sur la terrasse du caffé Casoni, tout près du Pont Santa Trinita, Camillo Negroni sirote son Americano. Toujours tiré à quatre épingles, le comte a pris l’habitude de fréquenter ce haut lieu de la bourgeoisi­e florentine pour y savourer son cocktail préféré. Mais tout passe, tout lasse. L’aristocrat­e propose donc au barman, Fosco Scarelli, d’améliorer la recette de son breuvage fétiche. Ce dernier remplace l’eau gazeuse par du gin que Camillo Negroni a découvert au cours de ses nombreux voyages au Royaume-Uni. Baptisé «l’Americano avec du gin», le cocktail suscite un engouement fulgurant. Au point que Fosco Scarelli simplifier­a son nom en lui donnant celui de son initiateur.

Retour à Genève où Andrea Bartolini, chef barman du Bottle Brothers, remet au goût du jour les grands classiques de la mixologie. Comme pour un menu de restaurant, cet Italien d’origine respecte les saisons et adapte ses recettes aux produits et aux nouvelles techniques. «Il faut comprendre qu’un cocktail est une boisson d’apéritif et n’aide en rien à la digestion. Les accompagne­ments à base de plantes enlèvent les acidités gastriques. C’est pourquoi ces mélanges doivent être pris en début de repas», explique le barman qui propose une version pleine de punch du Negroni. Dans un verre à l’ancienne, Andrea Bartolini remplace le gin par une mesure de rhum aromatisé à l’ananas, ajoute une mesure de Campari et une autre de vermouth aromatisé au café. Son nom? Le Negroni Brother évidemment.

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