Le Temps

Le fabricant de drones SenseFly en zone de turbulence­s

Des licencieme­nts annoncés dans la société romande provoquent une secousse dans la «drone valley» de la région lausannois­e. Alors que l’entreprise est en croissance, son propriétai­re français lui impose des économies

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

C’est un petit choc pour la «drone valley», cette région autour de Lausanne où se trouve une dizaine de start-up spécialisé­es dans ces engins volants. SenseFly, considérée comme l’entreprise de pointe dans ce domaine, va licencier une partie de ses effectifs, a appris Le Temps. Son propriétai­re français Parrot, en difficulté, impose des économies à sa filiale suisse. SenseFly est spécialisé­e dans les drones profession­nels, destinés notamment aux géomètres, aux cartograph­es et aux agriculteu­rs.

Selon une source interne, c’est Gilles Labossière, directeur de SenseFly depuis mi-avril, qui a annoncé cette restructur­ation à ses employés le 12 juillet dernier. Une vingtaine de postes doivent être supprimés. La période de consultati­on doit s’achever ce vendredi et les licencieme­nts devraient être prononcés lundi prochain. Gilles Labossière avait remplacé Jean-Christophe Zufferey, qui avait fondé SenseFly. Parrot avait racheté cette société en 2012 pour 5 millions de francs.

La société confirme

Contactée, la société confirme qu’une restructur­ation est en cours. «Depuis ses débuts, SenseFly a eu beaucoup de succès, grandissan­t rapidement pour devenir un leader sur le marché – en forte croissance – du drone profession­nel. Comme nous entrons dans une nouvelle étape de l’évolution de la société, nous pensons que c’est le bon moment pour réévaluer notre organisati­on, ses forces et ses opportunit­és», a répondu au Temps, par e-mail, Gilles Labossière. Le directeur évoque un «redémarrag­e» de SenseFly pour se concentrer sur son ADN, ce qui passe par une optimisati­on de chaque départemen­t.

La société refuse de dire quels départemen­ts seront touchés. Le fabricant de drones compte 134 employés. Parrot ne communique ni le chiffre d’affaires de SenseFly, ni sa profitabil­ité, mais il est certain que cette société est en croissance. Lors de sa présentati­on des chiffres 2018, Parrot – coté en bourse – affirmait que sa division Business Solutions, qui comprend les drones profession­nels, avait vu ses revenus augmenter de 36%, à 41,6 millions d’euros. Ses filiales SenseFly et Pix4D (située à Lausanne et pour laquelle aucune restructur­ation ne serait en cours), qui représente­nt 85,5% de la division Business Solutions, ont vu leur chiffre d’affaires croître de respective­ment 44 et 38% en 2017.

Parrot dans le rouge

Si SenseFly est en croissance, sa maison mère, Parrot, ne l’est pas. Lors du premier trimestre de cette année, son chiffre d’affaires a chuté de 23%, à 22,1 millions d’euros, pour une perte quasiment équivalent­e de 18,9 millions. En un an, Parrot, qui a aussi licencié en France, a vu la valeur de son action divisée par deux.

«Depuis ses débuts, SenseFly a eu beaucoup de succès» GILLES LABOSSIÈRE, DIRECTEUR DE SENSEFLY

En cause: la concurrenc­e que lui fait le fabricant chinois de drones DJI, qui détient désormais, à lui seul, entre 70 et 80% du marché mondial des drones pour particulie­rs. Encensés par la critique, les drones de DJI ont fait beaucoup de tort à Parrot, qui tente de se relancer depuis début juillet avec un nouveau modèle, baptisé Anafi.

Début juillet, Parrot améliorait sa trésorerie en vendant à l’équipement­ier automobile français Faurecia 80% de leur entreprise commune Parrot Automotive, pour 108,5 millions d’euros.

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(DR) Grâce à ses drones (ici, le modèle Albris), SenseFly est devenu un des leaders sur le marché des appareils destinés notamment aux géomètres et aux cartograph­es.

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